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ANNÉE 1767

envoyé. J’espère qu’à la fin la bonne cause triomphera. Je vous en écrirai un jour davantage.

Je vous embrasse et vous aime comme un frère.

6923. — À M. DAMILAVILLE.
26 juin.

On me mande, mon cher ami, que les huguenots d’un petit canton en Guienne ont assassiné un curé[1], et en ont poursuivi deux autres. Si la chose est vraie, ces messieurs n’ont pas la tolérance en grande recommandation, et on n’en aura pas beaucoup pour eux. Je ne veux pas croire cette horrible nouvelle. Pour peu qu’ils eussent donné lieu à une émeute, ils ne feraient pas de bien à la cause des Sirven. Je pense qu’alors il faudrait tout abandonner. Mais je me flatte encore que ce n’est qu’un faux bruit. Je n’ai point auprès de moi mon ami Wagnière. J’écris avec peine ; je suis malade. Je finis, mon cher ami, en vous recommandant les incluses, et en vous aimant.

6924. — À M. D’ALEMBERT.
Juillet.

Pendant que la Sorbonne, entraînée par un zèle louable, mais très-peu éclairé, et qui fait peu d’honneur à la nation, veut censurer Bélisaire, il est traduit dans presque toutes les langues de l’Europe. L’impératrice de Russie mande de Casan[2], en Asie, qu’on y imprime actuellement la traduction russe. M. d’Alembert est prié de faire passer ce petit billet à M. Marmontel, en quelque lieu qu’il puisse être.

6925. — À M. MARMONTEL.

Dans le long voyage que Sa Majesté l’impératrice de Russie vient de faire dans l’intérieur de ses États, elle a daigné s’amuser, dans ses loisirs, à traduire Bélisaire en langue russe. Les seigneurs de sa suite ont eu chacun leur chapitre. Le neuvième, sur les vrais intérêts d’un souverain, est tombé en partage à Sa Majesté. Il ne pouvait être en de meilleures mains : aussi dit-on qu’il est traduit dans la plus grande perfection. Sa Majesté a pris

  1. Voyez les lettres 6934, 6950, 6960 et 6999.
  2. Lettre 6899.