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ANNÉE 1767

l’éditeur des lettres affreuses imprimées sous mon nom. Mais comment souffre-t-on qu’il traite Louis XIV, le régent et le duc de Bourbon d’empoisonneurs ? Comment au moins ne lui impose-t-on pas silence ? Ah ! mon cher ange, qu’il y a des gens de lettres indignes de ce nom ! Cela empoisonne la fin de ma vie.

6942. — À M. LEKAIN.
17 juillet.

Mon cher ami, je reçois votre lettre du 8 de juillet. J’attends tous les jours l’édition des Scythes, faite à Lyon, pour vous l’envoyer ; c’est la seule à laquelle on doive se tenir. Elle est faite entièrement selon les vues de M. d’Argental ; on a fait tout ce qu’on a pu pour profiter de ses observations judicieuses. Il est vrai que le rôle que vous voulez bien jouer dans cette pièce ne convient pas tout à fait à vos grands talents, et n’a pas ce sublime et cette terreur que vous savez si bien mettre sur la scène. Athamare est un très-jeune homme, amoureux, vif, pétulant dans sa tendresse, un jeune petit cheval échappé, et puis c’est tout. Il est fait pour un petit blondin nouvellement entré au service ; mais vous savez vous plier à toute sorte de caractères.

Si vous jouez le Droit du seigneur, comme je l’espère, je donne le rôle d’Acanthe à Mlle Doligny, celui de Colette à Mlle Luzy, celui du fermier Mathurin à M. Monfoulon : ce sont les dispositions que M. d’Argental a faites lui-même.

À l’égard d’Olympie, je suis persuadé que cette pièce, remise au théâtre, vous vaudra quelque argent ; mais il est absolument nécessaire de la jouer comme je l’ai faite, et non pas comme Mlle Clairon l’a défigurée. Elle a cru devoir sacrifier la pièce à son rôle, supprimer et changer des vers dont la suppression ou le changement ne forme aucun sens. On a surtout dépouillé le cinquième acte de ce qui en faisait toute la terreur et l’intérêt. Une actrice assez bonne, qui a joué Olympie à Genève, ayant restitué tous les endroits supprimés ou altérés par Mlle Clairon, a eu un succès si prodigieux que la pièce a été jouée six jours de suite.

Si vous jouez l’Orphelin de la Chine, je vous prie très-instamment de la donner aussi telle qu’elle est imprimée dans l’édition des Cramer. Vous devez avoir cette édition ; et, si vous ne l’avez pas, elle est chez M. d’Argental.

Voici encore un petit mot pour l’Écossaise, que je vous prie de