Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome45.djvu/326

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
316
CORRESPONDANCE.

une pure plaisanterie ; il s’agit des plus horribles impostures dont jamais on ait été noirci.

Je serai assez hardi pour écrire à M. d’Aguesseau[1], puisque vous m’encouragez, mon cher ange ; et je tâcherai de ne lui écrire que des choses qui pourront lui plaire et le toucher.

La Harpe (Dieu merci) ne fait point deux tragédies, mais il a abandonné un sujet presque impraticable pour un autre où il est plus à son aise. En un mot, mon atelier aura l’honneur de vous servir.

Je vous avoue que je voudrais bien qu’on jouât Olympie une ou deux fois avant Fontainebleau ; mais qu’on la jouât comme je l’ai faite, car il est assez dur de se voir mutiler. Il est vrai que je ne le vois point, mais je l’entends dire, et je reçois la blessure par les oreilles : vous savez que les oreilles d’un poète sont délicates. Toute notre petite troupe vous présente ses hommages, ainsi qu’à Mme d’Argental.

Je crois M. de Thibouville à la campagne. S’il vient à Paris, je vous supplie de ne me pas oublier auprès de lui. Recevez toujours mon culte de dulie.

Je viens d’acheter un Dictionnaire historique portatif[2], par une société de gens de lettres, en quatre gros volumes in-8°, sous le titre d’Amsterdam, qu’on dit imprimé à Paris. Je tombe sur l’article Tencin ; madame votre tante y est indignement outragée. On y dit que La Frenaie, conseiller au grand-conseil, fut tué chez elle. Quels historiens ! quels Tite-Live ! Dites-moi, après cela, si je dois souffrir un La Beaumelle. Vous devriez bien demander à Marin où s’est faite cette infâme édition, et qui en sont les auteurs.

6941. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[3].
16 juillet.

Je crois que M. de Courteilles est à la campagne ; pardonnez-moi si je vous adresse ce paquet pour Lekain.

J’écris donc à M. d’Aguesseau, puisque vous l’ordonnez.

L’affaire de La Beaumelle est grave. C’est un monstre. Lavaysse le père a été assez affligé qu’il ait séduit sa fille. Il est

  1. Cette lettre à d’Aguesseau, dont Voltaire reparle dans la lettre 6949, manque.
  2. Ce n’est pas celui de Chaudon, mais celui de Barral et Guibaud, dont nous avons déjà parlé tome XXVIII, page 527 ; et XXIX, 279.
  3. Éditeurs, de Cayrol et François.