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CORRESPONDANCE.

intéressés dans les calomnies que La Beaumelle a prodiguées : je remplis un devoir indispensable.

À l’égard des Scythes, je suis indigné de la lenteur du libraire de Lyon. Il me mande qu’enfin l’édition sera prête cette semaine ; mais il m’a tant trompé que je ne peux plus me fier à lui. Un libraire d’une autre ville veut en faire encore une nouvelle édition. On n’imprime pas, mais on joue les Illinois. Nous avons joué ici l’Orphelin de la Chine ; mais, Dieu merci, nous ne l’avons pas donné tel qu’on me fait l’affront de le représenter à Paris. Je ne sais si de Belloy a raison de se plaindre[1] ; mais, pour moi, je me plains très-fort d’être défiguré sur le théâtre et par Duchesne. Je me flatte que vos bontés pour moi ne se démentiront pas. Vous m’avouerez qu’il est désagréable que les comédiens, qui m’ont quelques obligations, prennent la licence de jouer mes pièces autrement que je ne les ai faites. Quel est le peintre qui souffrirait qu’on mutilât ses tableaux ?

Ayez soin de votre santé, mon cher ange ; portez-vous mieux que moi, et je serai consolé d’avoir une santé détestable.

6949. — À M. DAMILAVILLE.
22 juillet.

Je ne puis que vous répéter, mon cher ami, que je suis très : fâché que Lavaysse soit le beau-frère de La Beaumelle, mais que ce n’est pas une raison pour que je me laisse accabler par les calomnies de ce malheureux. Mon Mémoire[2], présenté aux ministres, a eu déjà une partie de l’effet que je désirais. Le commandant du pays de Foix a envoyé chercher La Beaumelle, et l’a menacé des plus grands châtiments ; mais cela ne détruit pas l’effet de la calomnie. Le devoir des ministres est de la punir. Le mien est de la confondre. Je ne sais ni pardonner aux pervers ni abandonner les malheureux. J’enverrai de l’argent à Sirven : il n’a qu’à parler.

M. Marin a dû vous faire tenir un paquet ; c’est la seule voie dont je puisse me servir. J’ai écrit à M. d’Aguesseau[3].

On m’assure que la Sorbonne lâchera toujours son décret contre Bélisaire. Il est difficile de comprendre comment un corps entier s’obstine à se rendre ridicule. Bélisaire est traduit dans

  1. Voyez lettre 6929.
  2. Il est tome XXVI, page 355.
  3. Cette lettre, dont il a déjà été parlé dans le n° 6940, manque.