nous avait délivrés des renards pour nous abandonner aux loups[1]. Vous savez que la chasse aux loups est beaucoup plus difficile que la chasse aux renards ; il y faut du gros plomb : pour moi, qui ne suis qu’un vieux mouton, j’achève mes jours dans ma bergerie, en vous priant d’armer les pasteurs, et de les exciter à défendre le troupeau.
J’attends avec impatience votre réponse sur Coge pecus. Ce ne sont pas ces cuistres-là qui sont les plus dangereux. Les trompettes ne sont pas à craindre, mais les généraux le sont. Les honnêtes gens ne peuvent combattre qu’en se cachant derrière les haies. Il y a des choses qui affligent ; cependant il faut vivre gaiement ; c’est ce que je vous souhaite au nom du père, etc, en vous embrassant de tout mon cœur.
Madame, mon attachement pour Votre Altesse sérénissime, qui durera autant que ma vie, a réveillé, il est vrai, ma sensibilité à la vue d’une nouvelle édition de La Beaumelle, dans laquelle il renouvelle les insolences qu’il osa vomir, il y a plusieurs années, contre votre auguste maison. Plusieurs étrangers même s’en sont plaints à notre ministère. Il est bien surprenant qu’un tel homme ait eu la hardiesse d’écrire[3] à Votre Altesse sérénissime. On lui a fait parler par M. le marquis de Gudane, commandant du pays de Foix, où il est exilé ; on a supprimé son édition, et on l’a menacé, de la part du roi, de le punir très-sévèrement s’il écrivait avec une pareille licence. Les autres personnes intéressées n’ont pas été aussi indulgentes que vous, madame, parce qu’elles ne sont pas comme vous au-dessus de ces outrages. Plus vous êtes grande, plus vous êtes clémente. Il résulte de la lettre qu’on a daigné écrire à cet homme, en votre nom, qu’il partit de vos États avec une misérable servante[4] voleuse. Il appartient bien à un tel homme de parler des princes et de les juger ! Votre nom respectable est mêlé dans ses ouvrages à ceux de Louis XIV et de toute la maison royale, infini-