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CORRESPONDANCE.

qui n’est pas seulement littéraire, elle est personnelle à plusieurs grandes maisons du royaume, qui m’ont témoigné leur indignation contre ce malheureux La Beaumelle. Ses calomnies, peut-être peu connues à Paris, sont répandues dans les pays étrangers. Il m’a traité comme Louis XIV, et je ne suis pas roi. Un pauvre particulier doit se défendre ; il doit décrier au moins le témoignage de son ennemi.

Je ne reviens point de mon étonnement, quand mes amis me disent qu’il faut mépriser de telles impostures. Je n’entends pas quel honneur il y a de se laisser diffamer, et je suis bien persuadé qu’aucun de ceux qui me disent : Gardez le silence, ne le garderait à ma place.

Voici une grâce que je vous demande. M. Diderot peut vous dire dans quel temps il croit qu’on ait écrit le Mercure trismégiste[1] que nous avons en grec. Je ne sais si je me trompe, mais ce livre me paraît de la plus haute antiquité, et je le crois fort antérieur à Timée de Locres. Engagez le Platon moderne à me donner sur cela quatre lignes d’éclaircissement, que vous me ferez parvenir. Il y a loin de Mercure trismégiste à La Beaumelle, mais il faut répondre à tout.

Adieu, mon cher ami ; je vous embrasse de tout mon cœur.

6978. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
13 auguste.

Ah ! mon Dieu ! on me mande que Mme d’Argental est à l’extrémité. Je venais de vous écrire une lettre de quatre pages, je la déchire : je ne respire point. Mme d’Argental est-elle en vie ? Mon adorable ange, ordonnez que vos gens nous écrivent un mot. Nous sommes dans des transes mortelles. Un mot par un de vos gens, je vous en conjure.

6979. — À M. LE PRINCE DE GALLITZIN.
À Ferney, 14 auguste.

Monsieur le prince, je vois, par les lettres dont Sa Majesté impériale et Votre Excellence m’honorent, combien votre nation s’élève, et je crains que la nôtre ne commence à dégénérer à quelques égards. L’impératrice daigne traduire elle-même le cha-

  1. Voyez tome XIX, page 340 ; et tome XXX, le paragraphe xx du Commentaire sur l’Esprit des lois.