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CORRESPONDANCE.

d’aller à tous les diables. Ma vieillesse et mes maladies continuelles ne me permettent pas de remplir mes devoirs bien exactement avec les réprouvés auxquels je suis très-attaché. Je me flatte que si vous êtes excommunié auprès de quelques habitués de paroisse, vous ne l’êtes pas auprès de l’habitué de la gloire. Les lauriers des Condé garantissent des foudres de l’Église.

Je vous souhaite, monsieur, beaucoup de joie et de plaisir dans ce monde, en attendant que vous soyez damné dans l’autre.

Ne montrez point ma lettre à monsieur l’archevêque, si vous voulez que j’aie l’honneur d’être enterré en terre sainte ; mais, si jamais vous lui parlez de moi, assurez-le bien que je ne suis pas janséniste.

Conservez-moi vos bontés. Voulez-vous bien me mettre aux pieds de Son Altesse sérénissime ?

7065. — À M. DE CHENEVIÈRES.
9 novembre.

Vraiment, mon cher ami, je suis fort aise que M. de Taulès soit M. de Barrau ; mandez-moi, je vous prie, s’il est encore à Versailles, s’il reviendra bientôt à Soleure. C’est un homme fort instruit, et le seul capable de fournir des anecdotes vraies sur le siècle de Louis XIV. Je ferais bien volontiers le voyage de Soleure pour le consulter, si ma santé me le permettait ; il est d’ailleurs du pays de mon héros Henri IV, et j’ai mille raisons pour l’aimer : quand vous écrirez à M. de Rochefort, dites-lui, je vous prie, combien je m’intéresse à son nouvel établissement[1] et à son bonheur. Voici un petit mot pour M. le comte de La Touraille[2]. Maman et moi nous faisons les plus tendres compliments à notre ancien ami et à la sœur du pot[3].

Voltaire.
7066. — À M. DAMILAVILLE.
Le 11 novembre.

J’ai aussi, mon cher ami, une très-ancienne colique. Je suis à peu près de l’âge de M. de Courteilles[4], et beaucoup plus faible

  1. Son mariage ; voyez lettre 6850.
  2. La lettre 7064.
  3. Mme la duchesse d’Aiguillon ; voyez tome XXXIII, page 406.
  4. Dominique-Jacques Barberie, marquis de Courteilles, était mort le 3 novembre 1767, à soixante-onze ans.