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CORRESPONDANCE.

Serai-je assez hardi, monseigneur, pour vous supplier de m’envoyer tout ce qui concerne l’impudent et ridicule interrogatoire fait à Mme la duchesse de Bouillon par ce La Reynie, l’âme damnée de Louvois ? Le temps de dire la vérité est venu. Soyez sûr de mon zèle et de la discrétion que je dois à votre confiance.

Je garderai le secret à M. Maigrot[1]. Il paraît que ce M. Maigrot a arrangé quelques petites affaires entre Votre Altesse et moi indigne, il y a environ vingt-cinq ans. S’il est parent d’un certain évêque Maigrot[2], qui alla à la Chine combattre les jésuites, je l’en aime davantage.

Conservez-moi, monseigneur, vos bontés, qui me sont précieuses. Je suis attaché à Votre Altesse avec le plus tendre et le plus profond respect.

7104. — À M. DE BELMONT,
directeur des spectales, à bordeaux[3].
23 décembre 1767, à Ferney.

Il y a un mois, monsieur, que le vieux malade à qui vous avez écrit est au lit. Ainsi vous excuserez sa négligence ordinaire. Le petit divertissement qui avait été exécuté dans sa chaumière, au commencement de l’automne, était intitulé Charlotte ou la Comtesse de Givry. On l’a imprimé depuis à Genève et à Paris ; mais ce sont des oiseaux de passage qu’on ne retrouve plus en hiver. La Comédie de Paris est absolument tombée ; il n’y a plus de Lekain ni de Clairon : tout va au diable ; j’y irai bientôt aussi. En attendant, comptez que je suis, de tout mon cœur, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur. V.

7105. — À M. MOULTOU[4].
23 décembre 1767, à Ferney.

Mon cher philosophe, l’affaire des Sirven devient d’une importance extrême ; le rapporteur me demande un écrit imprimé depuis quelques mois à Toulouse, dans lequel on justifie l’assassinat juridique des Calas ; les maîtres des requêtes, qui ont déclaré unanimement la famille innocente, y sont très-mal traités ; leur

  1. À qui est adressée la lettre 7111.
  2. Voyez tome XI, page 58 ; XV, 78 ; XVII, 50.
  3. Éditeur, Gustave Brunet.
  4. Éditeur, A. Coquerel.