J’ai écrit, il y a longtemps, à M. le duc de Choiseul, en faveur de frère Damilaville ; point de réponse. Un Crommelin, agent de Genève, qui va tous les mardis dîner à Versailles, avec deux laquais à cannes derrière son fiacre, a persuadé aux premiers commis que je prenais le parti des représentants[1] ; c’est comme si on disait que vous favorisez les capucins contre les cordeliers. Il y a deux ans que je ne bouge de ma chambre, et trois mois que je suis dans mon lit ; mais nous autres pauvres diables de gens de lettres nous sommes faits pour être calomniés.
Ne voilà-t-il pas encore qu’on m’impute une épigramme contre la maîtresse et les vers de M. Dorat ! Cela est très-impertinent[2] : je ne connais ni sa maîtresse, ni les vers qu’il a faits pour elle. Ce qui me fâche le plus, c’est que les cuistres, les fanatiques, les fripons, sont unis, et que les gens de bien sont dispersés, isolés, tièdes, indifférents, ne pensant qu’à leur petit bien-être ; et, comme dit l’autre[3], ils laissent égorger leurs camarades, et lèchent leur sang. Cela n’empêchera pas M. Chardon de rapporter l’affaire des Sirven. C’est un nouveau coup de massue porté au fanatisme, qui lève encore la tête dans la fange où il est plongé. Hercule, ameutez des Hercules. Encore une fois, c’est l’opinion qui gouverne le monde, et c’est à vous de gouverner l’opinion.
Qui vous aime et qui vous regrette plus que moi ? Personne.
Monsieur, vous m’imposez le devoir de la reconnaissance pour le reste de ma vie, puisque c’est vous qui m’avez assuré une rente viagère, et qui me faites connaître la vérité, que j’aime encore mieux qu’une rente.
À propos de vérité, je dois vous dire que monseigneur l’électeur palatin ne croit ni au prétendu cartel proposé par l’électeur Charles-Louis au vicomte de Turenne, ni à la lettre que M. de Ramsay a imprimée dans son histoire, ni à la réponse[5]. Effecti-