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CORRESPONDANCE.

méprisable. Les Romains, nos vainqueurs et nos maîtres, n’ont point eu de sacrée faculté de théologie.

Adieu, mon cher ami ; mes respects à Mme Geoffrin.

7117. — À M. DAMILAVILLE.
1er janvier.

Mon cher ami, je crains que vous ne soyez malade. Vous ne me parlez point de l’affaire de M. Chardon. Je crains bien qu’elle ne soit funeste aux Sirven. Il se peut que les plaintes du parlement de Paris l’empêchent de rapporter au conseil un procès contre un autre parlement. Il se peut encore que le conseil ne veuille pas ordonner la révision, pour ne pas exposer le roi à de nouvelles remontrances. Il y a dans toute l’aventure des Sirven une fatalité qui m’effraye. Ne me laissez pas, je vous prie, dans l’ignorance profonde où je suis d’une chose à laquelle nous prenons tous deux tant d’intérêt. Serait-il possible qu’après cinq années de soins et de peines nous fussions moins avancés que le premier jour ! Le désastre de la Caïenne s’étend donc bien loin ! Voilà comme le malheur est fait : il pousse des racines jusqu’à deux ou trois mille lieues ; le bonheur, quand il y en a un peu, ne va pas si loin.

Je n’ai point le décret de la Sorbonne[1]. On dit que c’est une pièce curieuse qu’il faut avoir dans sa bibliothèque.

Vous avez dû recevoir un paquet d’Italie pour notre ami. Je vous souhaite, mon cher ami, une bonne année, et je me souhaite à moi la consolation de vous revoir encore. Pourrait-on avoir un almanach royal par la poste ? Je ne crois pas que la Sorbonne s’oppose à l’envoi de ces livres. J’espère avoir demain samedi de vos nouvelles.

7118. — À M. LE MARQUIS D’ARGENCE DE DIRAC[2].
2 janvier.

Je vous dois des réponses, mon cher philosophe militaire ; mais il y a trois mois que je ne sors presque point de mon lit. J’achève ma carrière tout doucement ; ma plus grande peine est de ne pouvoir remplir, comme je voudrais, les devoirs de mon cœur.

  1. Voyez lettre 7097, page 456.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.