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CORRESPONDANCE.

rendais bien. J’ai oublié tout net le nom de cet auteur et celui de ses livres ; j’ai seulement quelque idée que nous nous aimions beaucoup quand nous nous écrivions. Il me passe par les mains cinq ou six douzaines d’auteurs par an ; il faut me pardonner d’en oublier quelques-uns. Mettez-vous au fait de celui-ci. Il avait, autant qu’il m’en souvient, une teinture de bonne philosophie. Il pourrait nous aider très-efficacement dans notre affaire. Mandez-moi à quel d’Ormesson il faut que j’écrive ; je vous assure que je ne serai pas honteux. Mais surtout, mon cher ami, ne vous brouillez point avec l’intendant de Paris. Comptez qu’un homme en place peut toujours nuire. Mme de Sauvigny a de très-bonnes intentions, et quoiqu’elle protège M. Mabille, je peux vous répondre qu’elle n’a nulle envie de vous faire tort ; sa seule idée est de faire du bien à M. Mabille et à vous.

Encore une fois, n’irritez point une famille puissante. J’ai reçu aujourd’hui une lettre de M. le duc de Choiseul : il ne parle point de votre affaire ; tout roule sur le pays de Gex et sur Genève.

M. d’Alembert ne m’a point accusé la réception du paquet d’Italie. Je voudrais bien avoir le Joueur de Saurin, qu’on va représenter ; mais je serais bien plus curieux de lire le rapport que M. Chardon doit faire au conseil. Je compte lui écrire pour lui faire mon compliment de la victoire remportée sur le parlement de Paris. J’espère qu’il battra aussi le parlement de Toulouse à plate couture. J’espère que vous triompherez comme lui, et je vous embrasse dans cette douce idée.

7134. — À M. MARMONTEL.
13 janvier.

Il y a longtemps, mon cher confrère, que je connais l’origine de la querelle des conseillers Coré, Datan et Abiron[1], avec l’évêque du veau d’or ; mais le bon de l’affaire, c’est qu’elle fut citée solennellement à un concile de Reims, à l’occasion d’un procès que les chanoines de Reims avaient contre la ville.

Où diable avez-vous trouvé le livre de Gaulmin[2] ? savez-vous que rien n’est plus rare, et que j’ai été obligé de le faire venir de Hambourg ? Je ne suis pas mal fourni de ces drogues-là.

Il est bien triste qu’on joue encore sur les tréteaux de la Sor-

  1. Dans les Nombres, chapitre xvi.
  2. Voyez la note, tome XXX, page 317.