Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome45.djvu/499

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
489
ANNÉE 1767
7132. — À M. SAURIN.
13 janvier.

Mon cher confrère, savez-vous bien que je n’ai point votre Joueur anglais[1] ? Vos Mœurs du temps[2] ont été parfaitement exécutées sur notre petit théâtre. Nous tacherons de ne pas gâter votre Joueur. Envoyez-le-nous par le contre-seing de M. Janel, qui aura volontiers la bonté de s’en charger. Nous aimons fort les comédies intéressantes : Multæ sunt mansiones in domo patris mei[3] ; mais il paraît que pater meus a une maison à la Comédie française dont les acteurs font bien mal les honneurs. Pater meus est mal en domestiques ; il est servi à la Comédie comme en Sorbonne.

Je suis enchanté que vous m’aimiez toujours un peu ; cela ragaillardit ma vieillesse. Je présente mes respects à celle qui vous rend heureux, et qui vous a donné un enfant, lequel ne sera pas certainement un sot.

Vivez heureusement, gaiement, et longtemps. Je souhaite des apoplexies aux Riballier, aux Larcher, aux Coger ; et à vous, mon cher confrère, une santé aussi inaltérable que l’est mon attachement pour vous.

Si M. Duclos se souvient encore de moi, mille amitiés pour lui, je vous prie.

7133. — À M. DAMILAVILLE.
13 janvier.

Je reçois votre lettre du 7 janvier, mon cher ami. Ne soyez point étonné de l’extrême ignorance d’un homme qui n’a pas vu Paris depuis vingt ans. J’ai connu autrefois un M. d’Ormesson, qui était conseiller d’État, chargé du département de Saint-Cyr. Il n’était pas jeune ; je ne sais si c’est lui ou son fils de qui dépend votre place. Il y a deux ou trois ans qu’un homme de lettres, qui était précepteur dans la maison, m’envoya des ouvrages de sa façon, dédiés à un M. d’Ormesson, lequel me faisait toujours faire des compliments par cet auteur, et à qui je les

  1. Beverley, tragédie bourgeoise, imitée de l’anglais, en cinq actes et en vers libres, par Saurin, fut joué le 7 mai 1768, et imprimé la même année in-8°.
  2. Voyez tome XLI, page 191.
  3. Dans l’évangile de saint Jean, xiv, 2, la Vulgate dit : « In domo patris mei mansiones multæ sunt. »