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CORRESPONDANCE.

Je ne sais si vous avez apprivoisé ceux d’Orgelet. Je ne connaissais point un livre imprimé à Besançon, intitulé Histoire du christianisme, tirée des auteurs païens[1], par un Bullet, professeur en théologie. Je viens de l’acheter. Si quelque impie avait voulu rendre le christianisme ridicule et odieux, il ne s’y serait pas pris autrement. Il ramasse tous les traits de mépris et d’horreur que les Romains et les Grecs ont lancés contre les premiers chrétiens, pour prouver, dit-il, que ces chrétiens étaient fort connus des païens.

Puisse le pauvre Fantet[2] ne pas trouver en Flandre des gens plus superstitieux que les Comtois ! Je vous embrasse, etc.

7139. — À M. ÉLIE DE BEAUMONT.
Ferney, le 16 janvier.

Ainsi donc mon cher défenseur de l’innocence in propria venit, et sui eum non receperunt[3]. Je vous croyais en pleine possession de Canon[4], et je vois, en jouant sur le mot, qu’il vous faudra du canon pour entrer chez vous. Il faudra cependant bien qu’à la fin Mme de Beaumont jouisse de la maison de ses pères. Il faut qu’elle soit habitée par l’éloquence et par l’esprit, après l’avoir été par la finance, afin qu’elle soit purifiée.

Notre ami M. Damilaville est actuellement plus embarrassé que vous. On lui conteste une place qui lui a été promise, et qu’il a méritée par vingt ans de travail assidu.

Je suis très-fâché de la mort de M. Cassen. Il sera aisé de trouver un avocat au conseil qui le remplace. M. Chardon n’attend que le moment de rapporter ; il est tout prêt. Je pense même que le petit orage que le parlement de Paris lui a fait essuyer ne ralentira pas son zèle contre le parlement de Toulouse.

J’attends avec grande impatience le mémoire que vous avez bien voulu faire pour les accusés de Sainte-Foy[5] ; ils sont encore aux fers, et vous les briserez. Il est inconcevable que la jurisprudence soit si barbare dans une nation si légère et si gaie. C’est, je crois, parce que nos agréments sont très-modernes, et notre barbarie très-ancienne.

  1. Histoire de l’établissement du christianisme, tirée des seuls auteurs juifs et païens, 1764, in-4°, seconde édition, 1814, in-8°.
  2. Libraire à Besançon, dont l’affaire avait été renvoyée au parlement de Douai
  3. Saint Jean, i, 11.
  4. Voyez tome XLIV, page 454.
  5. Voyez lettre 6936.