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ANNÉE 1767

Je ne savais pas que l’Honnête Criminel existât en effet, et qu’il s’appelât Favre. Si la chose est comme le dit l’auteur de la pièce, le père est un grand misérable ; et l’ouvrage serait plus attendrissant si le père venait se présenter au bout d’un mois, au lieu d’attendre quelques années. Quoiqu’il en soit, il y a trop de fanatiques aux galères, conduits par d’autres fanatiques. La raison et la tolérance vous ont choisi pour leur avocat, elles avaient besoin d’un homme tel que vous.

Je présente mes respects à Mme de Beaumont, et je partage entre vous deux mon attachement inviolable et ma sincère estime.

7140. — DE M. HENNIN[1].
À Genève, le 16 janvier 1768.

J’ai reçu par la poste, monsieur, le paquet que j’ai l’honneur de vous envoyer. Il était contre-signé, et comme j’en attends un de ce volume, j’ai enlevé en même temps les deux enveloppes. Je vous en fais mes excuses.

On dit que tout se calme ici ; il en est bien temps. J’ai la plus grande impatience de vous voir ; mais les chemins sont encore impraticables. Aucune nouvelle de Paris ni de Versailles, sinon qu’on commence à croire que les finances se rétabliront tandis que celles d’Angleterre se dérangent. Il vient de paraître un ouvrage assez court et fort bien fait sur ces dernières ; si vous vouliez le parcourir, je pourrais vous l’envoyer. Il m’a appris beaucoup de choses que j’étais souvent fâché de ne pas entendre.

Puisse la neige de vos montagnes faire bientôt place à la verdure, et puissé-je bientôt me promener avec vous sur votre belle terrasse !

7141. — À M. HENNIN.
Ferney, 17 janvier.

Savez-vous bien, monsieur, de qui est l’ouvrage[2] que vous m’envoyez ? de M. le duc de La Vallière. C’est une histoire du théâtre qui fera plaisir au corsaire[3], grand amateur comme moi de ces coïonneries.

  1. Correspondance inédite de Voltaire avec P.-M. Hennin, 1825.
  2. Bibliothèque du Théâtre-Français depuis son origine, Dresde (Paris), 1768, trois volumes in-8°, dont les auteurs sont Marin, l’abbé Mercier de Saint-Léger, l’abbé Boudot, et quelques autres personnes. On en faisait honneur au duc de La Vallière. Voltaire, dans sa dédicace de Sophonisbe (voyez tome VII, page 37), dit que le duc présida à sa confection, après avoir fourni les matériaux de l’ouvrage. (B.)
  3. M. Hennin fils pense que ce mot désigne l’imprimeur Cramer, grand amateur de l’art dramatique.