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ANNÉE 1767

une badinerie que vous vouliez laisser dans l’oubli, il a mal fait ; mais à coup sûr il n’a pas été le premier à la publier. Ce que j’ai l’honneur de vous dire au reste ne vient pas de lui, puisqu’il ne m’en a point parlé, et que sa femme ne m’a dit qu’un mot sur l’idée où vous aviez été à cet égard. M. Dupuits aurait mieux fait de ne pas vous instruire d’une particularité qui pouvait vous déplaire. Mais encore une fois, les choses ne sont pas allées comme vous avez pu le croire, et j’espère éclaircir ces détails pour votre satisfaction et pour la justification de M. de La Harpe, qui vous aime autant qu’il vous respecte, et que je serais très-fâché qui eût des torts vis-à-vis de vous.

Voici les deux dernières gazettes.

Quand vous voudrez n’être pas seul, je vous prie de me le faire savoir. Vous ne devez pas douter du plaisir que j’aurai de vous prouver, en tout temps et de toutes manières, mon dévouement.

7195. — À M. HENNIN.
Mardi au soir, 1er mars.

Mon cher ministre, mon ministre prédicant, j’ai l’honneur de vous renvoyer votre gazette. Elle donne quelques espérances aux cœurs bien faits. Je commence a croire que les ordres donnés à tous les gouverneurs de place sont quelque chose de sérieux.

La petite mièvreté de La Harpe n’est pas si sérieuse[1] ; mais elle est certaine et avérée. Je sais que le Galien en avait retenu quelques vers ; mais je suis très-sûr qu’il n’en avait point pris de copie. D’ailleurs cet Antoine, ce sculpteur dont La Harpe prétendait tenir le manuscrit, a été interrogé par un de mes amis. Sa réponse a été que La Harpe était un menteur, et quelque chose de pis. Cette infidélité m’a fait beaucoup de peine. Mais je pardonne aisément. J’attends les beaux jours pour vous venir voir dans votre château de Gaillardin, car pour Genève, il n’y a pas moyen que j’aille me fourrer à travers de leurs tracasseries.

Maman[2] est partie ; me voilà ermite. Vous savez que le diable le devint quand il fut vieux. Mais, quoi qu’on die, je ne suis pas diable.

Intérim vale. V.

  1. Il avait pris copie du second chant de la Guerre civile de Genève, et soustrait quelques autres ouvrages de Voltaire ; voyez tome XXVII, page 17.
  2. Mme Denis.