Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome45.djvu/99

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m’écrit une lettre charmante, de sa main[1], sans que je l’aie prévenu, et leur envoie un secours. Tout vient du Nord. N’admirez-vous pas le roi de Pologne, qui a forcé doucement les évêques à être tolérants ? N’oubliez jamais la condamnation de l’évêque de Rostou[2], pour avoir dit qu’il y a deux puissances.

Vous n’aurez point de sitôt les Scythes ; il y a toujours quelque chose à changer à ces maudits ouvrages-là. J’espère que M. de La Harpe vous donnera, à Pâques, quelque chose de meilleur que les Scythes.

On ne peut vous aimer plus tendrement que je vous aime,

6721. — À M. LE COMTE DE ROCHEFORT.
4 février.

Il y a environ cinquante ans, mon chevalier, que j’ai eu l’honneur de jouer aux échecs avec monsieur le vice-chancelier[3] ; mais il me gagnait, comme de raison. J’étais attaché à toute sa maison. Il y avait surtout un certain évêque de…[4], grand philosophe et très-savant, qui m’honorait de la plus sincère amitié. Un vice-chancelier ne se souvient pas de tout cela, mais les petits ne l’oublient pas. J’ai le cœur pénétré de ses bontés, et de la justice qu’il a rendue dans l’affaire qui m’intéressait par contre-coup.

Je prends la liberté de lui écrire quatre mots[5], car il ne faut pas de verbiage pour les hommes en place. On donne à la Chine vingt coups de latte à ceux qui écrivent aux ministres des lettres trop longues et du galimatias.

Je vous écrirais bien au long, à vous, mon chevalier, si j’en croyais mon cœur, qui est bavard de son naturel ; je vous dirais combien je suis enchanté de vous et de vos bons offices ; mais la guerre de Genève, les embarras qu’elle cause, les effroyables neiges qui m’environnent, la fièvre, les rhumatismes, imposent silence à ma bavarderie. Cependant il faut que je vous demande

  1. On n’a pas trouvé cette lettre du roi. (K.)
  2. Voyez la note, tome XLIV, page 195.
  3. René-Charles de Maupeou ; voyez tome XVI, page 107.
  4. Le nom était sans doute en blanc dans la lettre de Voltaire. Je pense qu’il faut lire Lombez. Charles-Guillaume de Maupeou était évêque de cette ville en 1720.
  5. Cette lettre à Maupeou manque.