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CORRESPONDANCE

Vous jugerez par ces articles mêmes que le critique a de profondes et de singulières connaissances de notre histoire, quoiqu’il se trompe en bien des endroits.

Il serait convenable que vous lussiez cet ouvrage ; vous seriez bien plus à portée alors de m’éclairer. Vous verriez combien le style, quoique inégal, peut faire d’illusion. Je sais qu’on a envoyé à Paris six cents exemplaires de la première édition, et que le débit n’en a pas été permis ; mais l’ouvrage est répandu dans les provinces et dans les pays étrangers ; il est surtout vanté par les protestants ; et, comme l’auteur semble vouloir défendre la mémoire d’Henri IV, il devient par là cher aux lecteurs qui n’approfondissent rien.

Vous voyez évidemment, par toutes ces raisons, qu’il est absolument nécessaire de le réfuter.

M. Marin a entre les mains une carte sur laquelle l’imprimeur m’a écrit que l’ouvrage est de M. le marquis de Belestat ; mais je suis persuadé que ce libraire m’a trompé, et que l’auteur a joint à toutes ses hardiesses celle de mettre ses critiques sous un nom qui s’attire de la considération.

    à la Bibliothèque du roi parmi les recueils de la Ligue, si. dans cet écrit, la validité du mariage de Jeanne d’Albret avec Antoine de Bourbon est contestée : et s’il est vrai que le pape Grégoire XIII signifia qu’il ne regardait pas ce mariage comme légitime. Cette dernière partie de l’anecdote me paraît entièrement fausse.


    2° Voir si, dans le contrat de mariage de Marguerite de Valois et du prince de Béarn, Jeanne d’Albret prit la qualité de majesté fidélissime.

    3° Consulter les manuscrits concernant les premiers états de Blois ; et voir si les députés furent chargés d’une instruction portant que les cours de parlement sont les états généraux au petit pied.

    4° Savoir si Marguerite de Valois eut en dot les sénéchaussées du Quercy et de l’Agénois, avec le pouvoir de nommer aux évêchés et aux abbayes.

    5° Savoir s’il est vrai que la sentence rendue par le juge de Saint-Jean-d’Angely porte que la princesse de condé sera appliquée a la question.

    6° Savoir si, par l’édit de mars 1552 et l’édit de décembre 1563, la nouvelle religion est véritablement autorisée, et si elle y est appelée religion prétendue réformée ;

    7° S’il est vrai que Jeanne d’Albret se soit opposée longtemps au mariage du prince de Béarn son fils, depuis Henri IV, avec Marguerite ;

    8° S’il est vrai qu’en dernier lieu on ait retrouvé, au greffe du parlement de Rouen, un édit de Henri IV, de janvier 1595, qui chassait tous les jésuites du royaume. Il est sûr que Henri IV assura le pape qu’il ne donnerait point cet édit. De Thou dit que cet édit ne fut point accordé ; ce fait est très-important.

    9° Savoir s’il est vrai que le roi Charles VI ne fut déclaré majeur qu’à l’âge de vingt-deux ans ; il fut pourtant sacré en 1380, âgé de treize ans et quelques jours, et le sacre faisait cesser la régence.

    10° N’est-il pas vrai qu’avant l’édit de Charles V les rois étaient majeurs à vingt et un ans, et non à vingt-deux ? (Note de Voltaire.)