où le chevalier de La Barre a péri, à la honte éternelle de ce siècle infâme.
Si on ne peut jouer les Guèbres, il se trouvera un éditeur qui la fera imprimer avec une préface sage[1], dans laquelle on ira au-devant de toutes les allusions malignes. Un jour viendra que les Welches seront assez sages pour jouer les Guèbres. C’est dans cette douce espérance que je me mets à l’ombre de vos ailes avec toute la tendresse imaginable.
Est-ce Villars qu’on appelle aujourd’hui Praslin ? ou est-ce Praslin auprès de Châlons ?
Croyez-vous que Moustapha l’imbécile déclare la guerre à ma Catau-Sémiramis ? Ne pensez-vous pas que le pape aide sous main les Corses ? Si vous ne faites pas rentrer l’infant dans Castro[2], je vous coupe une aile.
Et du blé, en aurez-vous ? Je vous avertis que j’ai été obligé de semer trois fois le même champ. L’Évangile ne sait ce qu’il dit quand il prétend que ce blé doit pourrir pour germer[3] ; les pluies avaient pourri mes semences, et, malgré l’Évangile, je n’aurais pas eu un épi. Je suis un rude laboureur.
Il y a mille ans que je ne vous ai écrit, mon cher ami ; voici un petit livre qui m’est tombé entre les mains[5] ; je vous prie de m’en dire votre avis[6]. Vous avez reçu sans doute le Lion et les Trois Empereurs. On dit que les Français ont encore été frottés en Corse le 2 du mois. Que diable allaient-ils faire dans cette galère !
La révolution s’opère sensiblement dans les esprits, malgré les cris du fanatisme. La lumière vient par cent trous qu’il sera impossible de boucher. Je vous embrasse mille fois.
- ↑ Cettet préface n’était pas encore composée, à ce qu’il paraît ; mais ce fut dans les mêmes idées que Voltaire composa celle qui est tome VI. page 489.
- ↑ Voyez une note de la lettre 7407.
- ↑ Jean. xii, 24 ; et Paul, Ier aux Corinth., xv, 30.
- ↑ Éditeurs, de Cayrol et François. — Ce billet, presque entier, faisait jusqu’alors partie de la lettre à Bordes du 17 décembre. (G. A.)
- ↑ L’A, B, C.
- ↑ Dans la lettre du 17, on lisait ici : « Je ne vous ai point envoyé les Siècles parce qu’ils sont pleins de fautes typographiques : mon sort est d’être ridiculement imprimé. »