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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome46.djvu/200

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CORRESPONDANCE

une pensée neuve et naïve ; cette expression n’est chez vous nulle part. Qu’on introduise de nouveaux mots, à la bonne heure ; mais qu’on introduise des termes d’arts ou de sciences qui n’ont ni goût ni justesse, je les renvoie au Dictionnaire néologique.

Vous a-t-on envoyé les vers de l’abbé de Voisenon pour le roi de Danemark ? C’est un beau morceau, il a ses partisans. Le goût est perdu, parce qu’il n’y a plus de bons critiques ; chacun loue les ouvrages de son voisin, pour obtenir l’approbation des siens. De toutes les nouveautés, il n’y a qu’une petite comédie qui m’a fait plaisir, le Philosophe sans le savoir ; elle est jouée à merveille, on y fond en larmes.

Adieu, je vais tâcher de dormir : envoyez-moi de quoi m’en passer.

7417. — DE WAGNIÈRE[1],
à M. ribotte.
Ferney, 15 décembre 1768.

Consolez-vous, monsieur ; ni vous ni moi n’avons fait la perte qui vous a tant inquiété. J’ai déjà reçu dix lettres sur cette fausse nouvelle : je n’ai eu celle que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire qu’aujourd’hui, et je me hâte de vous tirer de peine ; et je souhaite rester encore quatorze ans avec le grand homme, comme j’ai déjà fait.

Pour les autres questions que vous me faites, je ne puis vous rien dire sur aucune. Je vous remercie, au nom de bien du monde, de l’intérêt que vous prenez à la santé de l’homme universel, et moi, en mon particulier, qui ai l’honneur d’être avec tous les sentiments que vous méritez, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Wagnière.

Mme Denis n’est plus ici depuis le mois de février.

7118. — À M. BORDES.
17 décembre.

[2]Que dites-vous de Catherine, qui se fait inoculer sans que personne en sache rien, et qui va se mettre à la tête de son armée ? Je souhaite passionnément qu’elle détrône Moustapha. Je voudrais avoir assez de force pour l’aller trouver à Constantinople ; mais je suis plus près d’aller trouver Pierre III, quoique je ne sois pas si ivrogne que lui.

Avez-vous lu la Riforma d’Italia[3] ? Il n’y a guère d’ouvrage plus fort et plus hardi ; il fait trembler tous les prêtres, et inspire du

  1. Bulletin de la Société de l’histoire du Protestantisme français ; Parisn 1856, 247.
  2. Cette lettre a, dans Beuchot, trois premiers paragraphes qui forment les lettres 7396 et 7402.
  3. Voyez la note 2, page 134.