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ANNÉE 1768.

Je crois connaître enfin le beau marquis[1] qui a peint le président Hénault et le petit-fils de Shah-Abbas d’un pinceau si rembruni et si dur ; mais par quelle rage m’imputer cet ouvrage, dans lequel je suis moi-même maltraité ? Il faut donc combattre jusqu’au dernier jour de sa vie ? Eh bien ! combattons.

Avez-vous jamais lu le Catéchumène[2], une ode contre tous les rois dans la dernière guerre[3], une Lettre au docteur Pansophe ? Tout cela est de la même main. On a cru y reconnaître mon style. L’auteur n’a jamais eu l’honnêteté de détourner ces injustes soupçons ; et moi, qui le connais parfaitement aussi bien que Marin, j’ai eu la discrétion de ne le jamais nommer. Je sais très-bien quel est l’auteur du livre attribué à Fréret[4], et je lui garde une fidélité inviolable. Je sais qui a fait le Christianisme dévoilé[5], le Despotisme oriental[6], Énoch et Élie[7], etc., et je ne l’ai jamais dit. Par quelle fureur veut-on m’attribuer l’A. B, C. ? C’est un livre fait pour remettre le feu et le fer aux mains des assassins du chevalier de La Barre.

Je compte sur votre amitié, mon cher philosophe. Qu’elle soit mon bouclier contre la calomnie, et la consolation de mes derniers jours.

Je vous embrasse très-tendrement.

7438. — À M. LE COMTE DE ROCHEFORT.
1er janvier 1709.

Je présente mes tendres et sincères respects au couple aimable qui a honoré de sa présence pendant quelques jours l’ermitage d’un vieux solitaire malingre. Je ne leur souhaite point la bonne année, parce que je sais qu’ils font les beaux jours l’un de l’autre. On ne souhaite point le bonheur à qui le possède et à qui le donne.

Je me flatte qu’un jour Dixhuitans[8] sera le meilleur comme le plus bel appui de la bonne cause. La raison et l’esprit intro-

  1. De Belestat ; voyez lettres 7358, 7359 et 7447.
  2. Par M. Bordes. (K.)
  3. Cette ode sur la guerre est aussi de Bordes ; il en est parlé tome XLI, page 445 ; et XLII, 39.
  4. Voyez la note, tome XLIV, page 257.
  5. Voyez page 196.
  6. Voyez la note, tome XLII, page 25.
  7. Voyez la note, tome XLIII, page 390.
  8. Mme de Rochefort avait dix-huit ans.