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ANNÉE 1768.

fort qu’il ait été cocu ; mais ce qui me fâche le plus, c’est que cette vilaine mégère (car c’en était une) emporte tout le peu qu’il laisse, et qu’il ne restera pas même de quoi payer un excellent domestique qu’il avait.

Je n’ai point lu la collection des ouvrages de Leibnitz ; je crois que c’est un fatras où il y a bien peu de choses à apprendre.

Il est vrai que j’ai donné cette année deux gros volumes in-4° de géométrie[1] ; ce seront vraisemblablement les derniers.

Notre secrétaire, toujours convalescent et assez faible, vous fait mille compliments. Quant à l’A, B, C. personne n’ignore qu’il est en effet traduit de l’anglais par un avocat. Vale, et me ama.

7440. — À M. CARLI[2].
3 janvier 1769.

Monsieur, la lecture de votre tragédie[3] m’a fait oublier les fluxions dont mes yeux sont accablés. J’ai éprouvé que le meilleur des médecins est le plaisir. La vivacité de l’intrigue m’a attaché depuis le premier vers jusqu’au dernier. Je ne sais pas assez quel est le goût de votre nation pour vous dire à quel point vous devez lui plaire ; je ne puis vous répondre que de moi. Agréez avec bonté mes remerciements et mon estime. Permettez que je fasse ici les plus tendres compliments à M. Albergati, votre ami. Le triste état où je suis ne me permet pas d’écrire plusieurs lettres.

J’ai l’honneur d’être, avec tous les sentiments que vous méritez, monsieur, votre très-humble, etc.

7441. — À MADAME DE SAUVIGNY.
À Ferney, 3 janvier.

Madame, il y a, dans la lettre dont vous m’honorez, du 27 de décembre, un mot qui m’étonne et qui m’afflige. Vous dites que monsieur votre frère[4] « vous menace, et que vous ne devez plus rien faire pour empêcher ses menaces d’être effectuées ».

Je serais inconsolable si, ayant voulu l’engager à se confier à vos bontés, j’avais pu laisser échapper dans sa dernière lettre quelque expression qui pût faire soupçonner qu’il vous menaçât,

  1. Opuscules mathématiques, tomes IV et V. Ils ont été suivis de trois autres.
  2. Éditeurs, de Cayrot et François.
  3. Telano ed Ermelinda.
  4. Durey de Morsan ; voyez tome XLV, page 500.