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CORRESPONDANCE.

reconnaissance, avec l’estime que je dois à vos talents, et toute l’amitié d’un confrère, votre très-humble, etc.

7448. — À M. DE LA HARPE.
5 janvier.

Oui, mon cher enfant, le Mercure est devenu un très-bon livre, grâce à vous et à M. Lacombe. Je vous en fais mon compliment à tous deux. Je lui ai envoyé un Siècle, et même deux[1], ainsi qu’à vous : le grand siècle et le petit, celui du bon goût et celui du dégoût. Vous aurez vu dans celui-ci la mort du comte de Lally, dont le seul crime a été d’être brutal. Quelque autre main y ajoutera la mort d’un enfant innocent[2], dont l’arrêt porte qu’on lui arrachera la langue, qu’on lui coupera la main, et qu’on brûlera son corps, pour avoir chanté une ancienne chanson de corps de garde. Cela se passa chez les Hottentots il y a environ trois ans.

J’attends votre Henri IV[3] avec la même ardeur qu’il attendait Gabrielle.

Puisque vous avez une Vestris[4], donnez-lui donc de beaux vers à réciter. Les polissons qui ne savent que mettre des tours de passe-passe sur le théâtre ignorent que, quand on fait une tragédie en vers, il faut que les vers soient bons ; mais savent-ils ce que c’est qu’un vers ? Ah ! quels Welches !

L’A, B, C est réellement un ouvrage anglais, traduit par l’avocat La Bastide de Chiniac, et ce Chiniac est un homme à qui je ne prends nul intérêt.

Je vous embrasse de tout mon cœur.

7449. — À MADAME LA MARQUISE DU DEFFANT.
6 janvier.

Madame, voilà encore un thème ; j’écris donc. Par une lettre d’un mercredi, c’est-à-dire il y a huit jours, vous me demandez

  1. L’édition de 1768 du Siècle de Louis XIV contient le Précis du Siècle de Louis XV.
  2. Voltaire n’a point fait pour le Précis du Siècle de Louis XV d’addition où il ait parlé du meurtre de La Barre : mais dans l’édition de l’Histoire du Parlement, qui fait partie de l’édition in-4° de ses Œuvres, il reproduisit au chapitre lxix la Relation de la mort du chevalier de La Barre, qui est tome XXV, page 501.
  3. L’Éloge de Henri IV, par La Harpe, avait obtenu l’accessit à l’Académie de la Rochelle. Le prix avait été donné à Gaillard ; voyez lettre 7464.
  4. Marie-Rose Gourgaud Dugazon, femme d’Angiole-Marie-Gaspard Vestris, avait