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CORRESPONDANCE.

Votre discours est excellent ; vous êtes presque le seul qui n’alliez jamais ni en deçà ni en delà de votre pensée. Je vous avertis que j’en ai tiré copie.

Le Mercure devient bon. Il y a des extraits de livres fort bien faits. Pourquoi n’y pas insérer ce discours, dont le public a besoin ? La Bletterie a juré à son protecteur et à sa protectrice qu’il ne m’avait point eu en vue, et qu’il me permettait de ne pas me faire enterrer. Il dit aussi qu’il n’a point songé à Marmontel quand il a parlé de Bélisaire, ni au président Hénault quand il a dit que « la précision des dates est le sublime des historiens sans talents ». J’ai tourné le tout en plaisanterie.

À propos du président Hénault, le marquis de Bélestat m’a écrit enfin qu’il était très-fâché que j’eusse douté un moment que le portrait de Shab-Abbas et du président fussent de lui ; qu’ils sont très-ressemblants ; que tout le monde est de son avis, et qu’il n’en démordra pas. J’ai envoyé sa lettre à notre ami Marin. On a fait trois éditions de ce petit ouvrage en province, car la province pense depuis quelques années. Il s’est fait un prodigieux changement, par exemple, dans le parlement de Toulouse ; la moitié est devenue philosophe, et les vieilles têtes rongées de la teigne de la barbarie mourront bientôt.

Oui, sans doute, j’ai regretté Damilaville ; il avait l’enthousiasme de saint Paul, et n’en avait ni l’extravagance ni la fourberie : c’était un homme nécessaire.

Oui, oui, l’A, B, C est d’un membre du parlement d’Angleterre, nommé Huet, parent de l’évêque d’Avranches, et connu par de pareils ouvrages. Le traducteur est un avocat nommé La Bastide ; ils sont trois de ce nom-là : il est difficile qu’ils soient égorgés tous les trois par les assassins du chevalier de La Barre.

Vous n’avez point les bons livres à Paris : le Militaire philosophe[1], les Doutes[2], l’Imposture sacerdotale[3], le Polissonisme dèvoilè[4]. Il paraît tous les huit jours un livre dans ce goût en Hollande. La Riforma d’Italia[5] qui n’est pourtant qu’une déclamation, a fait un prodigieux effet en Italie. Nous aurons bientôt de nouveaux cieux et une nouvelle terre, j’entends pour les honnêtes

  1. Voyez la note, tome XXVII, page 117.
  2. Les Doutes sur la religion, suivis de l’analyse du Traité théologi-polilique de Spinosa, 1767. in-12. L’Analyse est du comte de Boulainvilliers ; les Doutes, de Guéroult de Pival, mort en 1772.
  3. Voyez la note, tome XLV, page 526.
  4. C’est-à-dire le Christianisme dévoilé. (B.). — Voyez lettre 7423.
  5. Voyez page 134.