Aller au contenu

Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome46.djvu/384

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
374
CORRESPONDANCE.

paraît un peu superficiel, et la fin indécente. Quelque peu instruit que je sois dans ces matières, je conseille à l’auteur de s’en instruire plus à fond, et de ne point laisser courir sous mon nom un ouvrage aussi informe, dont le sujet méritait d’être approfondi par une très-longue étude et avec une grande sagesse. On est accoutumé d’ailleurs à cet acharnement avec lequel on m’impute tant d’ouvrages nouveaux. Je suis le contraire du geai de la fable, qui se paraît des plumes du paon[1]. Beaucoup d’oiseaux, qui n’ont peut-être du paon que la voix, prennent plaisir à me couvrir de leurs propres plumes ; je ne puis que les secouer, et faire mes protestations, que je consigne dans votre greffe de littérature.

J’ai l’honneur d’être, monsieur, avec toute l’estime que je vous dois, votre, etc.

7588. — À M. D’ALEMBERT.
9 juillet.

Mon cher philosophe, je vous envoie la copie d’une lettre que je suis obligé d’écrire à l’auteur du Mercure. Je vois que cette Histoire du Parlement, qu’on m’impute, est la suite de ce petit écrit qui parut, il y a dix-huit mois, sous le nom du marquis de Belestat, et qui fit tant de peine au président Hénault. C’est le même style ; mais je ne dois accuser personne, je dois me borner à me justifier. Il me paraît absurde de m’attribuer un ouvrage dans lequel il y a deux ou trois morceaux qui ne peuvent être tirés que d’un greffe poudreux, où je n’ai assurément pas mis le pied ; mais la calomnie n’y regarde pas de si près.

Je vous demande en grâce d’employer toute votre éloquence et tous vos amis pour détruire un bruit encore plus dangereux que ridicule. Ma pauvre santé n’avait pas besoin de cette secousse. Je me recommande à votre amitié.

J’attends M. de Schomberg. Il voyage comme Ulysse, qui va voir des ombres. Mon ombre vous embrasse de tout son cœur.

7589. — À M. LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU[2].
Ferney, 10 juillet.

Le plus vieux et le plus attaché de vos serviteurs ne vous importune, monseigneur, que dans les occasions qui fournissent

  1. La Fontaine, livre IV, fable ix.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.