Aller au contenu

Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome46.djvu/411

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
401
ANNÉE 1769.

et je vois que j’échouerai ; mais je n’aurai pas la tête assez chaude pour me fâcher.

Portez-vous bien, mes anges, et je me consolerai de tout. Je vous répéterai toujours que je voudrais bien vous revoir un petit moment, avant d’aller recevoir la couronne de gloire que Dieu doit à ma piété dans son saint paradis.

7617. — À M. LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU[1].
À Ferney, 31 juillet.

Les belles doivent aimer à lire ce qui regarde leurs amants et leurs amis. Je crois donc ne pas déplaire à mon héros, en le suppliant de vouloir bien présenter cette édition[2] telle qu’elle est, sans ôter les petits billets : il ne faut pas rougir de sa gloire.

M. de Rochefort, chef de brigade des gardes du corps, devait donner ce petit paquet à mon héros ; mais il a fallu servir son quartier, et il n’a pas attendu.

Je ne sais pas quel est le premier gentilhomme de la chambre qui donnera de la musique à madame la dauphine ; mais je sais que celle de M. de La Borde est charmante.

Que mon héros daigne se souvenir toujours de l’ermite V.

7618. — À M. SAURIN.
3 auguste.

Je m’intéresse plus que personne, mon cher confrère, au triste état d’Abeilard[3]. Soixante-quinze ans font à peu près le même effet que le rasoir de monsieur le chanoine. Horace a bien raison de dire, et Boileau après lui[4], que les plus tristes sujets peuvent réussir en vers. Les vôtres sont bien agréables et bien attendrissants.

Vous savez qu’on a imprimé les Guèbres du jeune Desmahis[5].

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. L’édition du Précis du Siècle de Louis XV, qu’il chargeait Richelieu de déposer sur la toilette de la Du Barry pour le roi lui-même. (G. A.)
  3. Saurin venait de publier une imitation de l’Épître d’Héloïse à Abeilard, de Pope.
  4. Ce n’est pas d’après Horace que Boileau a dit (Art poét., III, 1-2) :

    Il n’est pas de serpent ni de monstre odieux
    Qui, par l’art imité, ne puisse plaire aux yeux.

  5. Voyez tome VI, page 483.