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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome46.djvu/422

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CORRESPONDANCE.

Quant aux nouvelles littéraires, notre voisin C. Philibert[1] vient de publier des Réflexions sur les mœurs, la religion et le culte. par J. Vernet, pasteur et professeur en théologie ; 128 pages in-8°.

Voici ce qu’en pense un de nos républicains, en attendant son Tout en Dieu[2], etc.

7629. — DE M. D’ALEMBERT.
À Paris, ce 13 auguste.

Mon cher et illustre confrère, quelque scrupule que je me fasse de troubler votre solitude, je ne puis me dispenser de recommander à votre bonté M. Maty, qui vous remettra cette lettre ; c’est le fils d’un homme de mérite que vous connaissez sûrement, au moins de réputation, et qui a longtemps travaillé à un très-bon ouvrage périodique intitulé Journal britannique. Le fils est digne de son père, et digne d’être connu et bien reçu de vous. Il a l’esprit très-cultivé, et (ce qui vaut encore mieux) très-droit et très-juste, et surtout une franchise et une philosophie qui vous plairont. Je ne lui compte pas pour un mérite le désir qu’il a de vous connaître, car c’est un mérite trop banal. M. de Schomberg est revenu de chez vous, pénétré de la réception que vous lui avez faite, et enchanté de votre personne. Je ne doute pas que M. Maty n’en revienne avec les mêmes sentiments.

On ne parle plus, ce me semble, de l’Histoire du Parlement, et il me semble que la fureur de vous l’attribuer est calmée ; ainsi je crois que vous devez être tranquille à cet égard. On se plaint de plusieurs inexactitudes, qui vraisemblablement sont des fautes d’impression. Par exemple, à la page 182, on dit que Coligny avait été assassiné avant la Saint-Barthélémy par Montrevel[3] ; c’est Maurevert, comme le disent le président Hénault et beaucoup d’autres. Je ne vous parle point des autres critiques, qui au fond ne vous intéressent guère, et sont d’ailleurs très-peu de chose. Adieu, mon cher et ancien ami ; je voudrais bien avoir une santé qui me permit d’aller vous embrasser ; je vis pourtant toujours dans cette espérance.

En attendant, je vous embrasse de tout mon cœur, en esprit et en Lucrèce. Vale, et me ama.

7630. — À MADAME LA DUCHESSE DE CHOISEUL.
14 auguste.

Madame Gargantua[4], j’ai reçu le soulier dont il a plu à Votre Grandeur de me gratifier ; il est long d’un pied de roi et d’un

  1. Philibert Cramer.
  2. Tome XXVIII, page 90.
  3. Cette faute a été corrigée ; voyez tome XV, page 527.
  4. C’est par antiphrase que Voltaire donne à Mme de Choiseul le nom de Mme Gargantua. Voyez lettres 7610 et 7657.