en est las. On peut s’amuser de quelques pages de vers, mais les in-quarto de bénédictins effrayent.
Il est souvent arrivé que, quand j’avais la manie de faire des pièces de théâtre, et ayant, dans ces accès de folie, le bon sens de n’être jamais content de moi, toutes mes pièces ont été bigarrées de variantes ; on m’a fait apercevoir que, de tant de manières différentes, l’éditeur a choisi la pire. Par exemple, dans Oreste, la dernière scène ne vaut pas, à beaucoup près, celle qui est imprimée chez Duchesne ; et quoique cette édition de Duchesne ne vaille pas le diable, il fallait s’en rapporter à elle dans cette occasion. Il peut-arriver par hasard qu’on joue Oreste ; il peut arriver que quelque curieux qui aura l’in-quarto soit tout étonné de voir cette scène toute différente de l’imprimé, et qu’il donne alors à tous les diables l’édition, l’éditeur et l’auteur[1].
On pourrait du moins remédier à ce défaut ; il ne s’agirait que de réimprimer une page.
Le Suisse qui imprime pour mon ami Gabriel s’est avisé, dans Alzire, de mettre :
Le bonheur m’aveugla, l’amour m’a détrompé[2],
au lieu de
Le bonheur m’aveugla, la mort m’a détrompé.
Cette pagnoterie fait rire. Il y a longtemps qu’on rit à mes dépens ; mais, par ma foi, je l’ai bien rendu.
Je ne puis rien vous dire des estampes, je ne les ai point encore vues, et j’aime mieux les beaux vers que les belles gravures. Je vous aime encore plus que tout cela, car vous êtes fort aimables, vous et madame votre épouse.
Je vous souhaite toutes sortes de prospérités.
Vous me donnez un thème, madame, et je vais le remplir ; car vous savez que je ne peux écrire pour écrire : c’est perdre