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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/132

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quelque temps, chez Mme de ***, avec M. Rousseau ; il y avait beaucoup de monde ; on vint à parler de la statue qu’on projetait d’ériger à Paris ; il s’écria avec enthousiasme : « Cela honore la France et le siècle ! Je voudrais bien être admis au nombre des souscripteurs : comment faut-il s’y prendre ? » On lui répondit qu’il fallait s’adresser à M. d’Alembert. Deux jours après, je fus fort étonné de recevoir un billet de M. Rousseau, qui me priait de faire passer à Paris sa souscription, et m’en envoyait le montant.

N’ayant pas l’honneur d’être en relation directe avec M. d’Alembert, j’adressai la souscription et le billet à M. Bourgelat, son ami et le mien. Peu de temps après, M. d’Alembert eut la bonté de m’écrire lui-même qu’il avait reçu la souscription de M. Rousseau pour la statue de M. de Voltaire, et qu’il la ferait remettre au notaire chargé du dépôt. « M. de Voltaire, ajoutait-il, sera sûrement très-sensible à cette marque d’estime de la part de M. Rousseau ; je ne manquerai pas de l’en informer, etc. »

M. Rousseau était parti pour la Bourgogne lorsque je reçus cette lettre : je lui en envoyai sur-le-champ un extrait, pour lui rendre compte de la commission qu’il m’avait donnée. Ma lettre lui sera parvenue à Montbard, où je le crois encore.

Tandis qu’on vous élève, monsieur, des statues à Paris, nous apprenons que vous en méritez de nouvelles à Ferney. Les unes seront couronnées de lauriers ; celles-ci doivent porter la couronne de chêne, celle du citoyen qui fait des établissements utiles à sa patrie, et qui l’enrichit après l’avoir éclairée.

J’ai toujours différé, par discrétion, de vous demander une réponse sur la traduction de la Henriade, du chevalier Ceretesi, dont j’ai eu l’honneur de vous envoyer le manuscrit ; ce gentilhomme florentin m’en fait demander des nouvelles par tous ceux qui reviennent de Naples, où il s’est établi.

Je suis bien sensible au souvenir dont m’honore Mme Denis. J’ai l’honneur d’être avec un respectueux attachement, etc., etc.

La Tourette.
7939. — À M. TABAREAU[1].
28 juin.

Mille tendres compliments à M. Tabareau. J’ai bien peur qu’il n’ait pas été payé de ce que lui devait saint Billard. Que ne se rejette-t-il sur saint Grizel, qui de ma connaissance a volé cinquante mille francs à la fille de M. le duc de Villars, qu’il a faite religieuse ?

Par le mémoire que M. Vasselier a bien voulu m’envoyer, je vois que l’affaire durera longtemps, et que saint Billard mériterait bien un bout de corde au moins autant qu’une auréole.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.