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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/133

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Je remercie M. Vasselier de la bonté qu’il a eue de faire partir les montres de notre manufacture royale.

Pigalle m’a fait pensant et parlant ; mais il n’a pas pu empêcher que je ne fusse très-souffrant. Les honneurs ne guérissent personne.

7940. ‑ DE FRÉDÉRIC,
landgrave de hesse-cassel.
Wabern, le 30 juin.

Monsieur, l’intérêt que vous voulez bien prendre à ma convalescence me pénètre de la plus vive reconnaissance. Je n’en attendais pas moins de l’amitié que vous m’avez témoignée depuis longtemps. Que je serais charmé si je pouvais espérer de vous voir chez moi avec Mme Galatin ! mais c’est un contentement auquel je ne saurais prétendre. Il ne me reste donc que l’espérance de vous aller voir à Ferney, de jouir de votre conversation, de vous admirer, et de vous assurer que personne ne saurait être plus de vos amis que celui qui sera toute sa vie, monsieur, votre très-humble et trèso-béissant serviteur.

Frédéric, landgrave de Hesse.
7941. — DE M. D’ALEMBERT.
À Paris, ce 30 juin.

Vous avez dû, mon cher maître, recevoir une lettre de moi par M. Pigalle, et une autre par M. Panckoucke ; celle-ci ne sera pas longue, car à mon imbécillité continue s’est jointe, depuis quelques jours, une profonde mélancolie. Je crois que je serai votre précurseur dans l’autre monde, si cela continue ; je voudrais bien pourtant, après vous y avoir annoncé, ne pas vous y voir arriver de longtemps. Nous avons élu, lundi dernier, monsieur l’archevêque de Toulouse à la place du duc de Villars, et assurément nous ne perdons pas au change. Je crois cette acquisition une des meilleures que nous pussions faire dans les circonstances présentes. Il ne sera reçu qu’après l’assemblée du clergé, qui finira dans les derniers jours d’auguste.

Oui, le roi de Prusse m’a envoyé son écrit[1] contre l’Essai sur les Préjugés. Je ne suis point étonné que ce prince n’ait pas goûté l’ouvrage ; je l’ai lu depuis cette réfutation, et il m’a paru bien long, bien monotone, et trop amer. Il me semble que ce qu’il y a de bon dans ce livre aurait pu et dû être noyé dans moins de pages ; et je vois que vous en avez porté à peu près le même jugement. Nous avons eu des nouvelles de l’arrivée de Pigalle, et de la bonne réception que vous lui avez faite. Savez-vous que Jean-Jacques Rousseau m’a envoyé sa contribution, et que ce Jean-Jacques est

  1. Voyez lettres 7893 et 7916.