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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/138

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dans le cas de la contrebande la plus formelle, et voici comment ces messieurs s’arrangent. Le Lyonnais ou le Parisien achète des montres à Genève, et le Genevois se charge de les faire passer sans payer de droits. On a arrêté cinquante-deux montres à Collonge, dans le courant du mois dernier. Il faut qu’il y ait eu de nouveaux ordres pour veiller à ces manœuvres, qui iraient au détriment des manufactures de Ferney et de Versoy.

Sans une incommodité qui a empêché ma sœur de sortir, nous aurions eu l’honneur de vous voir cette semaine. Nous quitterons, dès qu’il nous sera possible, notre chaumière, pour aller nous humilier à la vue de vos magnificences. On dit que vous vous amusez à faire une ville. Pour le coup, je défie qu’on traite vos occupations de bagatelles.

7947. — À M. DESPRÉS,
architecte et professeur de dessin à l’école militaire.
À Ferney, le 6 juillet.

Si je n’avais point essuyé, monsieur, un violent accès d’une maladie à laquelle ma vieillesse est sujette, je vous aurais assurément remercié plus tôt de l’honneur que vous me faites.

M. Pigalle était prêt à partir de ma petite retraite lorsque votre beau présent arriva[1]. Ce grand artiste lui donna l’approbation la plus complète ; M. Hennin, résident de France à Genève, un des meilleurs connaisseurs que nous ayons, en fut enchanté, et moi j’eus la vanité de vouloir être enterré au plus vite dans ce beau monument. Je me flatte pourtant que vous vous occuperez plus à loger les vivants que les morts : je suis un peu architecte aussi, j’ai bâti la maison dans laquelle je finis mes jours. Je voudrais vous voir construire une salle de spectacle ou un hôtel de ville ; alors j’aurais autant d’envie de vous aller féliciter à Paris que j’en ai d’être éloigné d’une ville où tout un peuple s’écrase et se tue pour aller voir des bouts de chandelles sur un rempart[2].

J’ai l’honneur d’être avec toute l’estime et la reconnaissance que je vous dois, etc.

7948. — À M. VASSELIER.
6 juillet.

Mon cher correspondant, jamais Tourte n’a habité dans mes terres il vint un jour me prier d’intercéder en sa faveur ; je le

  1. Després avait dédié à Voltaire son Projet d’un Temple funéraire destiné à honorer les cendres des rois et des grands hommes, ouvrage couronné, en 1766, par l’Académie d’architecture.
  2. Le 30 mai 1770, aux fêtes pour le mariage du dauphin (depuis Louis XVI.)