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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/175

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paraîtront que vers le mois de novembre. Cela ne sera pas trop bon mais il y aura des choses fort curieuses.

Vous m’aviez promis une estampe de M. le duc de Choiseul ; vous l’avez oubliée.

Je n’ai point oublié les anecdotes russes, et je tâcherai de vous en faire tirer un bon parti incessamment.

Ne croyez point vos Marseillais sur les Russes d’aujourd’hui ; ils craignent si fort de perdre leurs marchandises dans la Morée que le moindre petit avantage des Turcs leur paraît une bataille de Pharsale. Je vous réponds que Catherine fera repentir Moustapha de s’être mêlé de ce qui ne le regardait pas.

Il est bon qu’on traite Fréron de Turc à Maure ; mais c’est la honte de notre siècle de mettre un Fréron en état de payer le Journal des Savants et de faire des pensions aux gens de lettres. Quoi ! donner à un coquin le privilège de médire, pour payer des hommes qui écrivent sagement ! c’est là le comble de l’ignominie.

Est-ce que vous ne pourriez point savoir quel est l’auteur des Anecdotes ? M. Dorat m’a écrit que j’en étais accusé ; c’est une absurdité égale à l’infamie de Fréron.

Voulez-vous bien avoir la bonté, mon cher correspondant, de faire mettre à la poste ma lettre pour l’Angleterre, et de faire parvenir à M. Gaillard celle qui est pour lui ?

7987. — À MADAME LA MARQUISE DU DEFFANT.
8 auguste.

Eh bien, madame, je ne peux en faire d’autres ; je ne peux louer les gens sérieusement en face. Vous vous doutez bien que les six vers qui commencent par


Étudiez leur goût[1]


sont pour la petite-fille, et tout le reste pour la grand’maman. J’ai été bien aise de finir par La Harpe, parce que le mari de la grand’maman lui fait du bien, et lui en pourra faire encore.

Il faut un tant soit peu de satire pour égayer la louange. La satire est fort juste, et tombe sur le plus détestable fou que j’aie jamais lu. Son Héloïse me paraît écrite moitié dans un mauvais lieu, et moitié aux Petites-Maisons. Une des infamies de ce

  1. Épître à La Harpe, vers 17 et suivants ; voyez tome X, page 408.