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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/237

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ANNÉE 1770.

Si le parlement de Provence veut en attendant déroger aux édits et valider vos mariages, je lui en ferai mon compliment.

8053. — À M. HENNIN.
À Ferney, 17 octobre.

Voyez, monsieur, si vous pouvez quelque chose dans cette affaire, et si elle mérite qu’on vous importune. Tout le monde vole dans ce monde : les confédérés polonais volent leurs compatriotes ; les Russes volent les Turcs à main armée. On nous a volé des rescriptions. Le nommé Sandos, natif genevois, actuellement à Genève, a volé de la limaille d’or à Resseguier le fils, dans Ferney. Il l’a vendue à un nommé Prévôt, orfévre à Genève, et il l’a avoué devant Jacques Resseguier, monteur de boîtes, demeurant à Genève, rue du Temple, père de Resseguier de Ferney.

Le même Sandos a volé chez Vincent, monteur de boîtes à Ferney, beaucoup de limaille d’or ; mais il ne l’a pas avoué.

J’ignore si on peut faire venir Sandos à résipiscence et à restitution. Je m’en rapporte à vos bontés et à votre crédit. Mais je serais fâché que vous prissiez trop de peine pour une chose aussi méprisable que l’or, et si méprisable que M. l’abbé Terray n’en donne à personne.

Mes respects très-humbles à vous, monsieur, et à toute votre famille. Le vieux Malade de Ferney, V.

(La pièce jointe est la copie d’une lettre de Voltaire au lieutenant de justice de Genève sur cette affaire.)

8054. — DE CATHERINE II,
impératrice de russie.
Le 7-18 octobre.

Monsieur, l’arrivée du prince Henri de Prusse à Pétersbourg a été suivie de la prise de Bender, que je vous annonce. L’un et l’autre m’a empêchée de répondre à vos trois lettres, que j’ai reçues consécutivement. Les nouvelles publiques annoncent aussi que le comte Orlof s’est emparé de Lemnos. Nous voilà entièrement dans le pays des fables : je crains qu’avec le temps cette guerre ne paraisse fabuleuse elle-même.

Si le mamamouchi ne fait pas la paix cet hiver, je ne réponds point de ce qui lui arrivera l’année prochaine. Encore un peu de ce bonheur dont nous avons vu des essais, et l’histoire des Turcs pourra fournir un nouveau sujet de tragédie pour les siècles futurs.

Vous direz, monsieur, que depuis le succès de cette campagne je suis dans les grands airs ; mais c’est que, depuis que j’ai du bonheur, l’Europe