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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/283

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ANNÉE 1770.

Adieu, madame ; conservez votre santé, et quelquefois même de la gaieté ; mais n’est pas gai qui veut, et ce monde, en général, ne réjouit pas les esprits bien faits. Mille tendres respects.

8110. — À M. LE MARQUIS DE CONDORCET.
5 décembre.

Puisque M. le marquis de Condorcet tolère les vers, le roi de la Chine le prie de le tolérer. Il avait envoyé un exemplaire pour vous, monsieur, à votre compagnon de voyage. Je ne sais si on oublie Pékin quand on est à Paris. Cet exemplaire français n’est imprimé que dans une sorte de caractères. Vous savez qu’à la Chine on en a employé soixante-quatre pour rendre l’impression et la lecture plus faciles. C’est de la pâture pour messieurs des inscriptions et belles-lettres. Au reste, je ne doute pas que le roi de la Chine n’aime aussi les mathématiques. Pour moi, monsieur, j’aime passionnément les deux mathématiciens qui ont autant de justesse que de grâce dans l’esprit.

Je suis très-malade, et tout de bon, quoique l’hiver soit doux. La faculté digérante me quitte, et par conséquent la faculté pensante. Il me reste l’aimante ; j’en ferai usage pour vous tant que je serai dans l’état du président Hénault, dont j’approche fort ; j’entends l’état où il était avant de finir. C’est peu de chose qu’un vieil académicien.

La faculté écrivante me quitte. Le vieil ermite vous assure de ses tendres respects.

8111. — À M. RIBOTTE[1].
5 décembre 1770, à Ferney.

La personne à qui M. Ribotte a écrit est très-sensible à son souvenir ; elle écrit très-rarement, étant presque toujours très-malade. On a été très-affligé de la mort de l’homme du monde le plus serviable et le plus utile[2]. Il y a grande apparence que la cause de Sirven y perdra : il demande une chose qu’il est très-difficile d’accorder. Il y a dans le village dont on date cette lettre deux cents protestants qui sont sous la protection du roi, et dont on est très-content. On espère que bientôt on aura dans le voisi-

  1. Bulletin de la Société de l’histoire du Protestantisme français ; Paris, 1856, page 247.
  2. L’abbé Audra.