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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/285

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ANNÉE 1770.

roi de la Chine[1] un ouvrage ; ce sont les vers de Sa Majesté chinoise qui sont un ouvrage considérable. On y trouve sa généalogie : il descend en droite ligne d’une vierge ; cela n’est point du tout extraordinaire en Asie.

Je ne sais pas encore ce qui s’est passé au parlement. Il a dû trouver fort mauvais qu’on veuille le policer, lui qui prétend avoir la grande et la petite police. Il ferait bien mieux peut-être de ne point ordonner des auto-da-fé pour des chansons[2].

La Sophonisbe de Lantin[3] deviendra ce qu’elle pourra. On tâchera de trouver un quart d’heure pour envoyer quelques pompons à cette Africaine ; mais la journée n’a que vingt-quatre heures, et on n’est pas sorcier comme vous le prétendez.

On dit que Lekain est plus gras que jamais, et se porte à merveille ; cela doit réjouir infiniment M. d’Argental : il aura enfin des tragédies bien jouées.

Je me mets à l’ombre des ailes de mes anges. Mme Denis leur est attachée autant que moi, c’est beaucoup dire.

Mille respects.

8113. — À M. FABRY.
7 décembre.

Monsieur, le pain blanc vaut aujourd’hui à Ferney à raison de huit sous la livre. On nous menace avec juste raison qu’il sera dans quelque temps à vingt sous. Il faut trois mois pour faire venir du blé de Marseille. La famine est un monstre contre lequel on ne saurait prendre trop de précautions. Nous n’avons ni petits grains ni pommes de terre, pour soulager les pauvres. Cette situation est bien funeste. Je vous remercie en mon particulier de tous les soins que vous daignez prendre.

Les employés sont venus vexer la colonie de Ferney. Ce n’est pas là ce qu’on lui avait promis au nom du roi. Je ne crois pas que je voie jamais quinze mille familles s’établir à Versoy, comme l’impératrice de Russie a fait à Astracan.

J’ai l’honneur d’être, etc.

Voltaire.
  1. Tome X, page 412.
  2. Le supplice du chevalier de La Barre ; voyez la Relation, tome XXV, page 501.
  3. Tome VII, page 29.