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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/303

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ANNÉE 1770.

Moustapha ; je suis encore dans l’erreur sur Ali-bey[1] : elle-même y est aussi. Pourquoi n’a-t-elle pas envoyé quelque Juif sur les lieux s’informer de la vérité ? Les Juifs ont toujours aimé l’Égypte, quoi qu’en dise leur impertinente histoire.

Je savais très-bien ce que faisaient des ingénieurs sans génie, et j’en étais très-affligé. Je trouve tout cela aussi mal entendu que les croisades : il me semble qu’on pouvait s’entendre, et qu’il y avait de beaux coups à faire.

J’ai bien peur que les Welches, et même les Ibères, n’échouent. Leurs entreprises, depuis longtemps, n’ont abouti qu’à nous ruiner.

Je frappe trois fois la terre de mon front devant votre trône du Pégu, voisin du trône de la Chine.

8132. — À M. HENNIN.
À Ferney, 20 décembre.

Quoique vous ne me disiez rien, monsieur, vous savez pourtant que le parlement a cessé ses fonctions, sans donner sa démission ; qu’il a protesté contre l’édit ; qu’il a envoyé deux fois le premier président au roi ; que le roi n’a point voulu le voir. De tout cela vous ne nous en dites mot.

Mais nous vous demandons, Mme Denis et moi, vos bons offices pour une chose qui nous intéresse très-vivement, et qui ne demande pas même de délais.

C’est de savoir s’il est vrai que la république ait affranchi Mme Denis de la qualité éminente de serve de Genève. Nous avons à Gex un procès contre un seigneur, citoyen de Genève, nommé, non pas Choudens, mais de Choudens, ouvrier en montres, qui nous vendit, il y a dix ans, un petit domaine sur le chemin de Ferney à Tournay. Il le déclara libre ; et quand nous eûmes signé, il se trouva qu’il était mortaillable en grande partie. Mme Denis fut donc serve de la sérénissime.

Aujourd’hui M. de Choudens, seigneur ouvrier de Genève, prétend, pour se disculper, et affirme dans ses mémoires, que la sérénissime a daigné nous affranchir de la servitude. Nous n’avons jamais entendu parler de cet affranchissement. Nous savons seulement que M. de Choudens s’étant accommodé avec la république

  1. Voyez lettres 8077 et 8106.