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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/34

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L’abbé Grizel n’était-il pas confesseur de Fréron ? Que dites-vous de l’enlèvement de nos rescriptions ? sont-elles plus justes que l’enlèvement du beau-frère de maître Aliboron ? Saviez-vous que ce coquin était espion de la police, et que c’était cela seul qui le soutenait, et qui lui facilitait les moyens de vivre dans la plus infâme crapule ?

Mon cher ami, je vous crois nécessaire dans Paris : plus les injustices sont atroces, plus on a besoin d’un homme comme vous.

Mme Denis et moi, qui sentons également votre mérite, nous vous bénissons tous deux, et je vous donne aussi mon autre bénédiction de capucin dans ce saint temps de carême.

P. S. Si vous voyez M. de La Harpe, dites-lui combien je l’aime, lui et sa Religieuse.

7833. À M. D’ALEMBERT.
19 mars.

Mon cher philosophe, mon cher ami, vous êtes assurément fort modeste, car vous traitez bien mal vos panégyristes, qui n’ont entrepris cet ouvrage que pour vous rendre hommage.

Si l’imprimeur a mis 3 pour 7, cela se corrigera aisément.

Vous avez toujours sur le bout du nez un certain homme[1].

Le contrôleur général vient de me prendre deux cent mille francs, seul bien libre que j’avais, et dont je pusse disposer ; de sorte que, s’il ne me les rend point, je n’ai pas de quoi récompenser mes domestiques après ma mort. L’autre, au contraire, m’a accordé sur-le-champ toutes les grâces que je lui ai demandées, places, argent, honneurs, et je ne lui ai jamais rien demandé pour moi. Vous devriez me mépriser, si je ne l’aimais pas.

Il me paraît que français[2] doit avoir la préférence sur francès : 1° parce que dans plusieurs livres nouveaux on emploie français et non pas francès ; 2° parce qu’on doit écrire je fais, tu fais, il fait, et non pas je fès, tu fès, il fet ; 3° parce que la diphthongue ai indique bien plus sûrement la prononciation qu’un accent qu’on peut mettre de travers, qu’on peut oublier, et que les provinciaux prononcent toujours mal ;

4° Parce que la diphthongue ai a bien plus d’analogie avec tous les mots où elle est employée ;

  1. Le duc de Choiseul ; voyez lettres 7820 et 7842.
  2. Voyez le quatrième alinéa de la lettre 7820.