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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/386

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CORRESPONDANCE.

souverains du Nord m’ont gâté ; l’impératrice de Russie m’a demandé pour vingt mille livres de montres de ma colonie, et m’a écrit sur cela une lettre dans le goût de Mme de Sévigné. Apparemment qu’elle veut faire des présents aux Turcs quand elle leur aura bien voulu accorder la paix.

Votre Excellence sait que M. le duc de Choiseul, votre ami, est toujours à Chanteloup, honoré et estimé de la nation.

Les princes de Suède, qui plaisent également à Versailles et à Paris et qui ont banni absolument toute cérémonie, viendront voir la simplicité de notre Suisse vers Pâques[1], après n’avoir point été éblouis de la magnificence de nos villes.

Je vous supplie, monsieur, d’agréer avec votre bonté ordinaire la reconnaissance et le respect avec lesquels j’ai l’honneur d’être, etc.

8235. — À M. DE LA CONDAMINE,
de l’académie française et de l’académie des sciences, etc.
À Ferney, 8 mars.

Monsieur, monsieur l’envoyé de Parme m’a fait parvenir votre lettre. J’ai l’honneur d’être votre confrère dans plus d’une académie ; je suis votre ami depuis plus de quarante ans. Vous me parlez avec candeur, je vais vous répondre de même.

Le sieur de La Beaumelle, en 1752, vendit à Francfort, au libraire Eslinger, pour dix-sept louis, le Siècle de Louis XIV, que j’avais composé (autant qu’il avait été en moi) à l’honneur de la France et de ce monarque.

Il plut à cet écrivain de tourner cet éloge véridique en libelle diffamatoire. Il le chargea de notes, dans lesquelles il dit qu’il soupçonne Louis XIV d’avoir fait empoisonner le marquis de Louvois, son ministre, dont il était excédé ; et qu’en effet ce ministre craignait que le roi ne l’empoisonnât. (Tome III, pages 269 et 271.)

Que, Louis XIV ayant promis à Mme de Maintenon de la déclarer reine, Mme la duchesse de Bourgogne irritée engagea le prince son époux, père de Louis XV, à ne point secourir Lille, assiégée alors par le prince Eugène, et à trahir son roi, son aïeul, et sa patrie.

Il ajoute que l’armée des assiégeants jetait dans Lille des

  1. La mort du roi de Suède les rappela en ce moment même dans leur patrie.