Aller au contenu

Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/409

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
399
ANNÉE 1771.

passés, étant aveugle, ayant la goutte, je vous prie de m’excuser et de me regarder comme mort. Si jamais je ressuscite, et si votre légion va au-devant de Mme la comtesse d’Artois, je serai alors à votre service. Mais dans le moment présent il n’y a pas moyen ; et au lieu des divertissements que vous me demandez, je vous demande un De profundis. On ne peut être plus affligé que je le suis d’être mort, et plus affligé de ne pas profiter de l’occasion que vous me donnez de faire quelque chose qui vous soit agréable.

Je présente mes respects à messieurs les officiers de la légion du fond de mon tombeau.

J’ai l’honneur d’être, avec les mêmes sentiments, etc.

8253. — À M. DE LA PONCE.
À Ferney, mars.

Si vous allez à Chanteloup, je me recommande à vos bons offices. Je vous prie de me mettre aux pieds de M. le duc, de Mme la duchesse de Choiseul, et de Mme la duchesse de Grammont ; leurs bontés seront toujours gravées dans mon cœur. Il me semble que je suis comme la France ; je dois beaucoup à ce grand ministre.

S’il a fait le pacte de famille ; s’il vous a donné la paix ; si la Corse est au roi, je lui dois aussi l’établissement de Mlle Corneille, les franchises de mes terres, et les grâces dont il a comblé toutes les personnes que j’ai pris la liberté de lui recommander ; ainsi, monsieur, je crois qu’il peut très-raisonnablement compter sur les cœurs de la France, sur le vôtre et sur le mien.

Ce n’est pas que je ne trouve l’érection des six nouveaux conseils admirable, ce n’est pas que je ne sois persuadé que nous avons besoin d’une nouvelle jurisprudence ; mais cela n’a rien de commun avec les services que M. le duc de Choiseul a rendus à l’État, et avec la reconnaissance que je lui dois.

Je vous remercie bien sensiblement, monsieur, du service essentiel que vous venez de rendre à ma petite colonie, en assurant par vos bontés et par vos soins l’envoi de la petite caisse adressée à M. le marquis d’Ossun : vous ne pouviez mieux favoriser ces pauvres gens dans une circonstance plus critique. Ils sont maltraités de tous les côtés. Ils n’ont encore rien pu obtenir de ce qu’ils demandaient ; et notre petit pays, qui se flattait, il y a quelques mois, de la protection la plus signalée, est bien près