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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/430

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CORRESPONDANCE.
8274. — À M. LE MARQUIS D’ARGENCE DE DIRAC[1].
À Ferney, 1er mai.

Le vieux malade de Ferney, devenu presque entièrement aveugle, aimera, tant qu’il vivra, le philosophe militaire d’Angoulême. Son état l’empêche souvent d’écrire, et d’ailleurs le long circuit des lettres qui passent par Paris est un obstacle.

On a dépêché depuis quelques jours un petit paquet pour amuser mon philosophe angoumois ; on ne sait s’il parviendra.

Nous avons beaucoup de fermentation dans le parlement de Dijon, comme dans tous ceux du royaume ; mais il est à croire que la sagesse du roi et du ministre dissiperont tous ces nuages. Le droit est certainement du côté du roi ; sa fermeté et sa douceur rendront ce droit respectable.

8275. — À M. TABAREAU[2].
4 mai.

Je me souviens bien, monsieur, qu’un Espagnol qui passa à Ferney, il y a quelques mois, me dit qu’il m’enverrait quelques livres espagnols assez curieux. Il me les envoie par la voie de Marseille ; mais je ne les crois point curieux du tout. Je crois qu’il n’y a de curieux en Espagne que Don Quichotte. Le négociant de Marseille peut en toute sûreté de conscience envoyer ces rogatons ; il doit savoir qu’on n’imprime rien dans ce pays-là qu’avec l’approbation du saint-office, et je serais bien fâché de lire un ouvrage qui ne serait pas muni de ce sceau respectable.

Je vous remercie de toutes vos bontés. M. Sherer payera ce qu’il faudra. Votre bibliothécaire vous est bien tendrement attaché, et compte incessamment vous faire un petit envoi qui ferait trembler la Sainte-Hermandad. M. Vasselier en aura sa part, comme de raison.

Le vieil Aveugle de Ferney.

Mille tendres amitiés à l’un et à l’autre.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François. — Ce billet a été classé jusqu’ici avec d’autres à la fin de l’année 1770. (G. A.)