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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/490

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CORRESPONDANCE.

Tout l’orgueil de ce vieux sultan.
J’admire avec même justice
Cette Pallas législatrice,
Qui de la Finlande au Cuban
Donne une loi moins tyrannique
Que certain code lévitique,
Et le fatras de l’Alcoran.


Courage, braves Russes ! la victoire est toujours venue du nord. Il faut que la raison en vienne ; il faut que les beaux et malheureux climats, si longtemps soumis à l’Inquisition ou à l’équivalent, et peuplés de tant de fripons et d’imbéciles, soient éclairés par l’étoile du nord, qui fait briller du haut du pôle arctique la tolérance universelle, qu’on n’ose pas même désirer encore dans certains pays.

Savez-vous, monsieur le comte, que, grâce à la stupidité d’un de nos Welches, revêtu à Paris de l’éminente dignité de censeur des livres, l’Instruction de Sa Majesté impériale n’a pas eu la permission d’entrer en France ? N’imputez point cette barbarie à notre nation ; elle n’en est point coupable. Tous les gens qui pensent parmi nous révèrent cette Instruction admirable, et n’en voudraient jamais d’autre. Notre chancelier n’a rien su de cette sottise : cela s’est fait uniquement par la bêtise des subalternes, et avant le changement du ministère. Mais on est très-coupable d’avoir confié quelque espèce de juridiction sur les belles-lettres à des gens qui ne devraient avoir que la surintendance des chardons.

Oui, je reçus en son temps la lettre que vous eûtes la bonté de m’écrire sur M. de Tchogoglof. Je ne sais où il est ; et j’ai abandonné cette petite affaire, pour laquelle on m’avait vivement sollicité.

J’ai eu l’honneur de vous adresser un ingénieur-dessinateur, garçon de mérite, qui peut être utile. Je vous souhaite, et je l’espère, une paix glorieuse, digne de vos victoires. Si Moustapha n’a pu être chassé par les Russes, il les respectera du moins, et votre voisin le poëte-empereur chinois les respectera aussi ; l’autre poëte-roi de Prusse sera toujours leur bon ami. Je ne vous réponds point du troisième, et je vous garde le secret.

Mes respects à madame la comtesse.