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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/506

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CORRESPONDANCE.

de la république a été obligé de se démettre de sa charge ; mais on ne lui a point fait d’autre mal ; il n’en aurait pas été quitte à si bon marché dans Abbeville.

On a battu des mains à Rennes quand l’ancien parlement a été cassé, et qu’on en a érigé un nouveau.

On a déjà six volumes de l’Encyclopédie d’Yverdun ; personne ne la lit, mais on l’achète. Je doute fort que celle de Genève entre de sitôt à Paris. Nous revenons au temps où l’on agitait la question de mathematicis ab urbe expellendis.

Je suis tout étonné, moi malingre et aveugle, de vous dire des nouvelles du fond de ma solitude et de mon lit.

J’ai donné des paperasses pour vous à M. de Crillon.

Adieu, mon cher et grand philosophe, que j’aimerai jusqu’au dernier moment de ma vie.

8351. — À M. CHRISTIN.
19 auguste.

Courage, mon cher philosophe ; vous attendrez un peu longtemps, mais vous gagnerez la bataille. On a fort applaudi à celle que l’ancien parlement de Besançon a perdue.

Ne manquez pas, je vous prie, de mettre une feuille de laurier dans votre lettre, quand vous m’apprendrez le gain du procès des esclaves. Il faut qu’à votre retour vous ayez une place de conseiller ; personne ne la mérite mieux que vous. Mme de Beaufort[1] demande à monsieur le chancelier la grâce de son mari, lequel ne demandait qu’un sauf-conduit. Je crois que cela dépendra des informations. On prétend qu’il y a double sacrilège et simple assassinat double sacrilège, parce qu’il y a meurtre de prêtre dans une église ; assassinat, parce qu’ils étaient deux, le comte de Beaufort et un jeune avocat, lesquels ont tous deux pris la fuite. L’avocat Loyseau de Lyon, qui était à Genève, avait commencé un beau factum en faveur de M. de Beaufort. Il prétendait que le prêtre n’était mort que pour faire niche à l’accusé. Il a rengainé son factum, et il est allé à Paris. J’espère que monsieur votre frère aura bientôt un bon emploi, et que vous reviendrez bientôt victorieux à Saint-Claude revoir votre petite maîtresse.

Je vous embrasse le plus tendrement du monde.

  1. Voyez page 482.