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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/505

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ANNÉE 1771.
8349. — À M. VASSELIER[1].
Ferney, 16 auguste.

Voici une singulière prière que je fais à mon cher correspondant.

N’y a-t-il pas une école vétérinaire à Lyon ? Qui est-ce qui préside à cette école vétérinaire ? Le président trouverait-il mauvais qu’on lui fît voir une petite partie de pierres qu’on vient de trouver dans la vessie d’un bœuf ? Cet examen pourrait-il être de quelque utilité ?

Je demande pardon à M. Vasselier ; mais en cas que la chose en vaille la peine, il pourrait en faire parler aux gens du métier ; tous nos gens de campagne disent qu’ils n’ont jamais vu de pareille pierre dans la vessie de personne.

Ce n’est pas trop que quatre cent quatre-vingt-trois coquins en cent trente années, pour une ville aussi peuplée que Lyon, et encore il faut retrancher de ce nombre environ trois cents personnes qui n’ont été coupables que de très-petits délits. J’en fais mon compliment à la ville. Il y a eu en effet plus d’exécutions que de vrais crimes. Si on avait fait travailler à la terre tous ceux qu’on a pendus, elle serait beaucoup plus fertile.

8350. — À M. D’ALEMBERT.
19 auguste.

Mon cher ami, j’ai vu le descendant du brave Crillon, qui est venu avec le prince de Salm, tous deux instruits et modestes, tous deux très-aimables, et dignes d’un meilleur siècle.

Quel homme de lettres donnerez-vous pour successeur à un prince du sang[2] ? Il se présente beaucoup de poëtes : ne faut-il pas donner la préférence à M. de La Harpe ou à M. Delille ?

Vous savez ce que c’est qu’un banneret, qu’à Berne on appelle banderet. Or le banderet de la république de Neuchâtel, ayant joint à sa dignité celle d’imprimeur[3], faisait une très-belle édition du Système de la Nature. Les dévotes de Neuchâtel, éprises d’une sainte rage, sont venues brûler son édition. Le gonfalonier

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Le comte de Clermont. Ce fut de Belloy ; voyez lettre 8345.
  3. Il s’appelait Ostervald ; voyez lettre 8352.