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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/551

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ANNÉE 1771.


8402. — À M. VASSELIER[1].
À Ferney, 11 novembre.

Dieu soit béni, et monsieur le chancelier ! Je n’écris point au premier ; je le verrai bientôt. Je fais mon compliment au second. Je vous prie, mon cher correspondant, de donner cours au petit paquet que je lui envoie. Puisse-t-on réformer la jurisprudence comme on a réformé les jurisprudents !

Je vois enfin que la révolution des parlements se fera aussi doucement que celle des jésuites ; cela est consolant. Mille tendres amitiés à M. Tabareau et à M. Vasselier.

8403. — À CATHERINE II,
impératrice de russie.
12 novembre.

Madame, les malheurs ne pouvaient arriver à Votre Majesté impériale ni par vos braves troupes, ni par votre sublime et sage administration ; vous ne pouviez souffrir que par les fléaux qui ont de tout temps désolé la nature humaine. La maladie contagieuse qui afflige Moscou et ses environs est venue, dit-on, de vos victoires mêmes. On débite que cette contagion a été apportée par des dépouilles de quelques Turcs vers la mer Noire. Moustapha ne pouvait donner que la peste, dont son beau pays est toujours attaqué. C’était assurément une raison de plus pour tous les princes vos voisins de se joindre à vous, et d’exterminer sous vos auspices les deux grands fléaux de la terre, la peste et les Turcs. Je me souviens qu’en 1718 nous arrêtâmes la peste à Marseille ; je ne doute pas que Votre Majesté impériale ne prenne encore de meilleures mesures que celles qui furent prises alors par notre gouvernement. L’air ne porte point cette contagion, le froid la diminue, et vos soins maternels la dissiperont ; l’infâme négligence des Turcs augmenterait votre prévoyance, si quelque chose pouvait l’augmenter.

On parle d’une disette qui se fait sentir dans votre armée navale. Mais je ne la crois pas, puisque c’est un des braves comtes Orlof qui la commande. C’en serait trop que d’éprouver à la fois les trois faveurs dont le prophète Gad en donna une à choisir à

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.