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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/581

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ANNÉE 1771.

elle. Une ville n’est pas plus tôt prise, qu’une autre est rendue. À peine les Turcs sont-ils battus sur la rive gauche du Danube, qu’ils sont défaits sur la rive droite ; si on leur prend cent canons à Giorgiova, on leur en prend cent cinquante dans une bataille. Voilà du moins ce qu’on me dit, et ce qui me comble de joie.

J’espère, par-dessus tout cela, que l’attentat des confédérés sera pour vous un nouveau sujet de gloire.

Votre Majesté me permettrait-elle de joindre à ce petit billet une requête de mes colons ? Vous vous souvenez que vous trouvâtes dans leurs caisses plus de montres qu’ils n’en avaient spécifié dans leurs factures. Les artistes qui, par l’oubli de leur facture, n’ont pas été compris dans le payement ordonné par Votre Majesté se jettent à vos pieds ; ce sont des gens dont toute la fortune est dans leurs doigts. Il ne s’agit que de deux cent quarante-sept roubles, à ce que je crois.

Il y a un de mes artistes qui fait des montres en bagues, à répétition, à secondes, quart et demi-quart, et à carillon. C’est un prodige bien singulier ; mais ces bagatelles difficiles ne sont pas dignes de l’héroïne qui venge l’Europe de l’insolence des Turcs, malgré une partie de l’Europe.

Le roi de Prusse s’est amusé à faire un poëme épique contre les confédérés[1]. Je crois que M. l’abbé d’Oliva[2] payera les frais de l’impression.

Que Votre Majesté impériale daigne agréer le profond respect, l’attachement, l’admiration, la reconnaissance du vieux malade de Ferney.

8439. — À M. LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU.
À Ferney, 16 décembre.

Me voilà chargé d’une rude commission pour mon héros. Un brave brigadier suisse, nommé M. Constant d’Hermenches, et, si l’on veut, Rebecque[3], lieutenant colonel du régiment d’Inner, ayant servi très-utilement en Corse, est venu à Ferney sur le cheval que montait autrefois Paoli, et je crois même qu’il a monté sur sa maîtresse : voilà deux grands titres.

  1. La Pologniade ; voyez tome VII, page 165.
  2. Oliva était un couvent de la Prusse polonaise.
  3. Voyez tome XLIII, page 220. Voltaire se souciait assez médiocrement de la recommandation qu’il fait ici ; voyez lettre 8465.