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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/77

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Majesté a eu la goutte, votre vieux serviteur se meurt de la poitrine. Nous avons l’hiver pour printemps dans nos Alpes. Je ne sais si la nature traite mieux les sables de Berlin, mais je me souviens que le temps était toujours beau auprès de Votre Majesté. Je la supplie de me conserver ses bontés, et de n’avoir point de goutte. Je suis plus près du paradis qu’elle, car elle n’est que protectrice des jésuites, et moi je suis réellement capucin ; j’en ai la patente avec le portrait de saint François, tiré sur l’original.

Je me mets à vos pieds, malgré mes honneurs divins.

Frère François Voltaire.
7874. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
4 mai.

Mon cher ange, je me plaignais à tort de l’indifférence de M. le duc de Choiseul pour ma manufacture. Il a eu plus de bonté et d’attention que je n’osais en espérer. J’ai poussé l’injustice jusqu’à gronder Mme la duchesse de Choiseul, qui ferait tout pour moi ; j’étais, sans le savoir, le plus ingrat des hommes et le plus difficile à vivre.

Voici une autre affaire qui pourra vous amuser, en attendant le mariage de votre prince. Vous êtes supplié de lire ce mémoire[1], et de nous dire si nous n’avons pas raison ; et, en cas que nous ayons prodigieusement raison, comme je le crois, de recommander l’affaire à M. le duc de Praslin, qui est un des juges.

À propos, j’ai une fluxion horrible de poitrine qui m’empêche de faire usage de l’ordonnance de M. Bouvart. M’est avis, mes anges, que je m’en vais à tous les diables, avec mon cordon de saint François.

Portez-vous bien, et ne faites ce voyage que le plus tard que vous pourrez.

7875. — À MADAME LA MARQUISE DU DEFFANT.
À Ferney, 5 mai.

Je suis un ingrat, madame, indigne de vous et de votre grand’maman. Je ne mérite pas de voir le jour, aussi je ne le vois

  1. Ce doit être l’écrit intitulé Au Roi en son conseil, pour les sujets du roi qui réclament la liberté en France, tome XXVIII, page 353.