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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/154

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CORRESPONDANCE.

vieillesse et à mes maladies. Un des derniers usages de ma vue a été de lire votre très-agréable ouvrage. Je m’aperçois que j’ai suivi vos préceptes autant que mon ignorance et ma fortune me l’ont permis. J’ai de tout dans mes jardins, parterres, petites pièces d’eau, promenades régulières, bois très-irréguliers, vallons, prés, vignes, potagers avec des murs de partage couverts d’arbres fruitiers, du peigné et du sauvage, le tout en petit, et fort éloigné de votre magnificence. Un prince d’Allemagne se ruinerait en voulant être votre écolier.

J’ai l’honneur d’être, avec toute l’estime que vous méritez, votre très-obéissant, etc.

8591. — DE MADAME LA MARQUISE DU DEFFANT[1].
Samedi, 1er août.

J’attendais ce que vous m’aviez promis, monsieur, pour répondre à votre dernière lettre, ne voulant pas vous donner l’ennui de multiplier les miennes ; mais ne voilà-t-il pas que vous me forcez à vous écrire pour vous accabler de plaintes et de reproches ! Plusieurs personnes ont reçu la dernière édition de vos quatre derniers ouvrages ; nommément M. de Beauvau. C’est M. Marin qui les distribue, et il n’y a rien pour moi. D’où vient faut-il que je sois la moins bien traitée de vos amis ? c’est de toute injustice.

J’ai fait connaissance depuis peu avec un nommé M. Huber, de Genève ; je lui ai déjà beaucoup parlé de vous : vous serez le sujet éternel de toutes nos conversations. Sur les rapports qu’il m’a faits, je juge que vous n’êtes changé en rien de ce que vous étiez il y a quarante ou cinquante ans. Pour l’esprit, j’en étais sûre, mais, suivant ce qu’il dit, pour la figure aussi. Pourquoi n’en est-il pas de même de votre cœur ? Je n’en peux rien apprendre que par vous : prouvez-moi donc qu’il n’est pas changé, en me traitant mieux que vous ne faites ; mon amitié sincère et constante me met en droit d’exiger de vous toutes sortes d’attentions et de préférences.

8592. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[2].
1er auguste.

Mon cher ange, puisque vous avez eu la bonté de m’adresser le paquet de M. Parfait, vous permettrez que la réponse passe aussi par vos mains.

Je crois toujours que plus notre avocat tardera à plaider,

  1. Correspondance complète, édition de Lescure, 1865.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.