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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/158

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CORRESPONDANCE.

8597. — À M. LEKAIN.
À Ferney, 10 auguste.

Mon cher ami, vous sentez bien que ce serait pour moi un extrême plaisir de profiter des offres très-flatteuses de M. Belmont, de paraître sur le théâtre établi par mon héros, et d’être embelli par un homme aussi supérieur que vous l’êtes.

La pièce est très-différente de celle que vous avez lue, et moins indigne de vos soins ; mais comment vous l’envoyer ? J’ignore si monsieur le maréchal est à Bordeaux : la saison s’avance ; mais, de plus, nous avons un obstacle insurmontable : la pièce n’est point encore approuvée par le ministère. Monsieur le chancelier et messieurs les secrétaires d’État me sauraient très-mauvais gré d’avoir fait représenter les Lois de Minos en province avant d’y être autorisé par eux. Cette démarche même pourrait compromettre un peu M. le maréchal de Richelieu. Je suis donc forcé, mon cher ami, à mon très-grand regret, de vous supplier de me priver d’une satisfaction qui me comblerait d’honneur et de joie.

Mme Denis et moi, nous vous attendons à Ferney.

Je vous prie de dire à M. de Belmont combien je l’estime et l’honore.

Signé, le meilleur de vos amis. V.

8598. — À M. MARIN[1].
10 auguste 1772.

Il y a dans la maison, mon cher ami, un laquais qui a été l’intime ami de Du Jonquay, qui a bu souvent avec lui, qui connaît ses sœurs. Il dit que l’une brodait pour les marchands du pont au Change, et l’autre travaillait en linge ; que c’est d’ailleurs une honnête famille, dont la grand’mère prêtait sur gages. Il faut espérer que toute cette impertinente histoire sera tirée au clair. Mais que dites-vous de Catherine seconde, qui augmente d’un cinquième la paye de ses troupes après quatre ans de guerre ? Il faut croire que du moins en France on nous rendra ce qu’on nous a pris.

Voulez-vous bien avoir la bonté de faire parvenir ces deux chiffons à leur adresse ? Je vous embrasse tendrement.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.