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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/159

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8599. — À MADAME D’ÉPINAI.
14 auguste.

Le vieux malade de Ferney a entrevu M. le comte de Valory, qui lui a paru très-digne d’être votre ami : je voudrais bien l’avoir vu un peu plus à mon aise, mais j’étais extrêmement malade : c’est à quoi je passe ma vie, qui s’en va finir. Le grand docteur Tronchin sait bien qu’il ne peut pas la prolonger, car il n’est pas venu me voir ; on dit qu’il est piqué que je n’aie point parlé de lui à madame sa fille, que je vis un moment il y a un an. Il a raison de vouloir qu’on parle de lui ; mais je l’oubliai tout net, et je vois qu’il punit les péchés d’omission.

Puissiez-vous, madame, en commettre beaucoup de commission ! On a bien peu de temps dans ce monde pour goûter de ces consolations-là.

Voici un bouquet pour la Saint-Barthélemy[1] ; une bonne âme me fait ce présent quelques jours à l’avance, et j’ai l’honneur de vous l’envoyer.

8600. — DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
Sans-Souci, 14 août.

Je vous remercie des félicitations que vous me faites sur des bruits qui se sont répandus dans le public. Il faudra voir si les événements les confirment, et quel destin auront[2] les affaires de la Pologne.

J’ai vu des vers bien supérieurs à ceux qui m’ont amusé lorsque j’avais la goutte ce sont les Systèmes et les Cabales[3]. Ces morceaux sont aussi frais et d’un coloris aussi chaud que si vous les aviez faits à vingt ans. On les a imprimés à Berlin, et ils vont se répandre dans tout le Nord.

Nous avons eu cette année beaucoup d’étrangers, tant Anglais que Hollandais, Espagnols et Italiens ; mais aucun Français n’a mis le pied chez nous ; et je sais positivement que le marquis de Sainte-Aulaire n’est point ici. S’il vient, il sera bien reçu, surtout s’il n’est point expatrié pour quelque mauvaise affaire, ce qui arrive quelquefois aux jeunes gens de sa nation.

Je pars cette nuit pour la Silésie : à mon retour vous aurez une lettre plus étendue, accompagnée de quelques échantillons de porcelaine que les connaisseurs approuvent, et qui se fait à Berlin.

  1. Tome VIII, page 494.
  2. « Et quelle issue auront… » (Édit. de Berlin.)
  3. Voyez ces deux satires, tome X.