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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/229

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année 1772.

je n’estime pas moins la conduite noble et les sentiments de M. le comte d’Hessenstein. Le roi de Suède lui a rendu justice ; la bonne compagnie de Paris et les Welches même la lui rendront. Pour moi, je commence par la lui rendre très-hardiment.

Je vous envoie, mon cher ami, l’Épître à Horace[1] ; cette copie est un peu griffonnée, mais c’est la plus correcte de toutes. Je deviens plus insolent à mesure que j’avance en âge. La canaille dira que je suis un malin vieillard.

André Ganganelli a heureusement assez d’esprit pour ne point croire que la Lettre de l’abbé Pinzo[2] soit de moi ; un sot pape l’aurait cru, et m’aurait excommunié. On ne connaît point cet abbé Pinzo à Rome. C’est apparemment quelque aventurier qui aura pris ce nom, et qui aura forgé cette aventure pour attraper de l’argent aux philosophes. Il m’a passé quelquefois de pareils croquants par les mains.

Le roi de Prusse vient de m’envoyer un service de porcelaine de Berlin, qui est fort au-dessus de la porcelaine de Saxe et de Sèvres ; je crois que Dantzick en payera la façon.

Adieu ; vous verrez un beau tapage le jour des Lois de Minos. Il y a encore des gens qui croient que c’est l’ancien parlement qu’on joue. Il faut laisser dire le monde. Les Fréron et les La Beaumelle auront beau jeu.

Bonsoir ; Mme Denis vous fait les plus tendres compliments. Faites les miens, je vous prie, à M. le marquis de Condorcet ; et surtout dites à Mme Geoffrin combien je lui suis attaché.


8681. — À M. CHRISTIN.
14 novembre.

Mon cher philosophe, mon cher défenseur de la liberté humaine, vous avez assurément plus de courage et d’esprit que vous n’êtes gros. Vous rendez service, non-seulement à vos esclaves[3], mais au genre humain.


Et pro sollicitis non tacitus reis,
Et centum puer artium.

(Hor., lib. IV, od. i)
  1. Tome X, page 441.
  2. Voyez la note sur la lettre 8219.
  3. Les serfs de Saint-Claude.