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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/292

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CORRESPONDANCE.

En relisant ma lettre sur M. le comte de Hessenstein, je ne vois rien qui en doive empêcher l’impression[1]. Nous verrons si le cuistre de Sorbonne qu’on a donné pour censeur aux journaux sera plus difficile que moi. Je vous remercie de votre attention et de votre délicatesse sur ce petit point.

Je ne connais point cet Avant-Coureur[2] ; j’ignore quelle est la belle âme qui a si bien traduit le latin de Coge pecus.

L’avocat Belleguier[3] est toujours persuadé qu’il aura un accessit le grand jour de la distribution des prix de l’université. Il voudrait vous avoir déjà confié son ouvrage ; mais sûrement la semaine où nous entrons ne se passera pas sans qu’on vous en envoie quelques exemplaires et vous en aurez de poste en poste : vous les pourrez faire circuler par l’homme intelligent qui fait si bien les commissions à la sacristie de Saint-Roch[4].

J’ai fait ce que j’ai pu auprès de M. Belleguier pour l’engager à être un peu plus plaisant, et à moins tourner le poignard dans la plaie ; mais il n’est pas possible de donner de la gaieté et de la légèreté à un vieil avocat ; ces gens-là aiment trop l’ithos et le pathos. J’ai peur que ce M. Belleguier ne se fasse des affaires, mais je m’en lave les mains.

Que Dieu vous tienne en joie !

Raton.
8741. — DE M. HENNIN[5].
À Genève, le lundi 18 janvier.

Monsieur, quand l’air emporterait votre château, disperserait votre bibliothèque, ce serait de bonne guerre ; vous ne croyez pas en lui. Mais pour le feu, il y a longtemps que vous êtes amis, et assurément vous n’êtes pas près de vous brouiller. À qui diable en veut-il[6] ?

Vous avez eu la bonté de vous informer de ma santé, et j’ai toujours cru que je pourrais chaque jour vous en aller donner des nouvelles ; mais mille petits maux m’en ont empêché, et me retiennent encore. Voilà ce qui m’a cloué à Genève. Vous savez comme on y est gai. Vous savez la différence qu’il y a entre une soirée de Ferney et une soirée genevoise. Je n’ai donc pas besoin d’excuses ; mais je soulage mon cœur en vous disant combien ce contre-temps m’a fâché, en me privant du plaisir de vous voir. J’aurais

  1. Voyez page 275.
  2. Voyez sur ce journal, la note, tome XL, page 500.
  3. Voyez page 276.
  4. Voyez la lettre 8733.
  5. Correspondance inédite de Voltaire avec P.-M. Hennin, 1825.
  6. Le feu avait pris au château de Ferney.