En relisant ma lettre sur M. le comte de Hessenstein, je ne vois rien qui en doive empêcher l’impression[1]. Nous verrons si le cuistre de Sorbonne qu’on a donné pour censeur aux journaux sera plus difficile que moi. Je vous remercie de votre attention et de votre délicatesse sur ce petit point.
Je ne connais point cet Avant-Coureur[2] ; j’ignore quelle est la belle âme qui a si bien traduit le latin de Coge pecus.
L’avocat Belleguier[3] est toujours persuadé qu’il aura un accessit le grand jour de la distribution des prix de l’université. Il voudrait vous avoir déjà confié son ouvrage ; mais sûrement la semaine où nous entrons ne se passera pas sans qu’on vous en envoie quelques exemplaires et vous en aurez de poste en poste : vous les pourrez faire circuler par l’homme intelligent qui fait si bien les commissions à la sacristie de Saint-Roch[4].
J’ai fait ce que j’ai pu auprès de M. Belleguier pour l’engager à être un peu plus plaisant, et à moins tourner le poignard dans la plaie ; mais il n’est pas possible de donner de la gaieté et de la légèreté à un vieil avocat ; ces gens-là aiment trop l’ithos et le pathos. J’ai peur que ce M. Belleguier ne se fasse des affaires, mais je m’en lave les mains.
Que Dieu vous tienne en joie !
Monsieur, quand l’air emporterait votre château, disperserait votre bibliothèque, ce serait de bonne guerre ; vous ne croyez pas en lui. Mais pour le feu, il y a longtemps que vous êtes amis, et assurément vous n’êtes pas près de vous brouiller. À qui diable en veut-il[6] ?
Vous avez eu la bonté de vous informer de ma santé, et j’ai toujours cru que je pourrais chaque jour vous en aller donner des nouvelles ; mais mille petits maux m’en ont empêché, et me retiennent encore. Voilà ce qui m’a cloué à Genève. Vous savez comme on y est gai. Vous savez la différence qu’il y a entre une soirée de Ferney et une soirée genevoise. Je n’ai donc pas besoin d’excuses ; mais je soulage mon cœur en vous disant combien ce contre-temps m’a fâché, en me privant du plaisir de vous voir. J’aurais